Car c’est ici Jérusalem – Opus 3 – Jérusalem ville céleste pour autrui

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Dans notre civilisation occidentale  – car 62 % de l’humanité se situe en Asie et a développé des concepts équivalents aux nôtres (1) – Adam, le premier homme, fut selon une légende juive créé en ramassant de la poussière rouge, jaune, noire et blanche qu’il prit aux quatre coins du monde : toute l’humanité se trouvait contenue en Adam depuis le début. L’âme d’Adam était telle une mèche de lampe composée de brins innombrables, ce symbole exprimant clairement l’idée d’une unité de l’humanité.

La pierre est reliée à l’expérience religieuse (nombreux sont ceux qui collectionnent les pierres sans savoir qu’il s’agit d’une recherche de force vitale) et la pierre sacrée de l’ancien temple de Jérusalem était le centre de la cité, cette cité étant elle-même le centre du monde.

Un mur rocheux quant à lui représente les opinions de la conscience dans lequel en taillant le rocher, l’homme creuse une caverne, pour plus de profondeur…

Aujourd’hui, à l’âge atomique qui représente pour l’humanité une nouveauté sans précédent, le christianisme qui ne s’est pas « mis à jour »,  l’islam qui a tout d’un syncrétisme héroïquement aveugle (2) incapable de juger plus loin que la tradition tout en affirmant être plus, se distinguent toujours du judaïsme. Le judaïsme lui s’est mis à jour dans sa gnose kabbalistique et a également effectué un retour vers Jérusalem : à nouveauté sans précédent le judaïsme, pourtant conservateur, répond et réanime à nouveau les idées essentielles des uns et des autres d’un souffle de vie…  malgré les « sauveurs» qui souhaitent guérir le monde en lui donnant leur propre maladie.

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Cette dernière attitude n’a rien que de très humain : il y a tant de choses dont on préfère ne prendre pas trop conscience, tant d’hommes qui préfèrent rester accroché à « Dieu le Père » parce qu’ils n’ont pas le courage de se tenir debout tout seuls … comment ces gens comptent t’ils réaliser leur humanité ?

En se réfugiant chez le Père avant l’heure de la mort  ?

En prenant la fuite ?

Pourtant, comme cela on n’atteint aucune conscience : un Dieu créateur qui nous aurait créé pour nous mettre à genoux et à cette fin seule est en contradiction avec l’idée même qu’il est un Dieu ; quel Dieu ne nous offrirait rien d’autre à réaliser que des génuflexions sans jamais rien chercher, sans jamais rien déterrer nous-mêmes en creusant à partir du présent le plus vivant ?

Et c’est pourquoi Jérusalem est une ville céleste. Et c’est pourquoi le jour où Jérusalem serait totalement conquise par des goyims, elle serait vidée de Dieu en même temps qu’elle serait vidée de ses juifs. Car par les juifs, à partir du présent le plus vivant, les choses les plus anciennes restent neuves : le rabbin n’entend pas par Dieu « un Dieu qui s’est incarné », un rabbin n’entend pas qu’un « Dieu a révélé à l’église l’assomption de la vierge », pas plus que le rabbin n’hypostasie Allah. Le rabbin – qui n’a de compte à rendre à aucune confession – n’élimine rien de la discussion et, s’il trouve indécent certains comportements religieux, c’est par souci d’ordre dans les représentations de Dieu qui « demeure »  « terrain d’expérience psychologique », « empirisme » … et qui dit empirisme dit Thora : le rabbin est celui avec lequel le laïc seul peut discuter sans  craindre de blasphémer à tout instant, puisque Dieu est un « sujet d’investigation » puisque Dieu est  naturellement « un sujet » sur lequel on peut discuter … et quelle investigation que la recherche sur un sujet tel que Dieu !

Mais pour cela il faut creuser un peu. Les « grandes religions » se croient seules au monde, malgré des évidentes influences égyptiennes émanant elles-mêmes des hommes premiers : mais elles ne sont rien sans les premiers hommes, rien sans le monde juif dont émane Jérusalem. Tandis que les théologiens des grandes religions n’écoutent pas l’autre et n’écoutent qu’eux-mêmes (en appelant cela la parole de Dieu) Jérusalem comprend, au sens contient en elle, « tous ceux-là » et « tout cela » qui n’est pas juif.

Comment serait-elle une cité céleste autrement ?

Les musulmans veulent faire de Jérusalem une chaire de plus depuis laquelle nul n’aura le droit de répondre – tout comme l’accès à l’esplanade des mosquées est restreint pour les non-musulmans et les mosquées interdites aux chiens et aux mécréants entre deux dénonciations de « l’apartheid israélien » – tandis que les prêtres et moines chrétiens de tendances diverses s’y battent comme chiffonniers pour obtenir la priorité lors de processions sur les pas de leur seigneur…  Comment ces gens-là pourraient-ils disposer de Jérusalem ?

Il faudrait déjà qu’ils reconnaissent « qu’ils ne savent pas » Dieu.

Qu’ils soient en quête de la réflexion et de son usage.

Qu’ils soient aptes à la recherche et à l’examen approfondi.

Qu’ils aient faculté à peser équitablement toutes les assertions humaines.

Et c’est bien le contraire : ces gens là considèrent l’humain nocif, illicite… peut être parce que possédant parfaitement le mot Dieu écrit dans un livre ou deux, ils aiment à se présenter aussi parfaits que Dieu lui-même. Tout cela alors qu’il faut creuser un peu : s’il est un Dieu, nécessairement il attend de nous que nous agissions après réflexion morale, pas après dictat ou soumission.

Ce niveau céleste peut être atteint depuis notre caverne, que nous creusons dans le roc de nos perceptions conscientes, en consultant un rabbin ou ses écrits, pour commencer à comprendre, c’est à dire commencer à contenir la Thora écrite en langage humain… pour commencer à comprendre enfin la complexité d’un Dieu unique. Ainsi le rabbin est bien souvent un tsadik (juste) inconnu par le goyim, contrairement à un certain Jésus. Reste que d’un point de vue asiatique, les collisions d’évènements qui sont « la loi du tao » qu’il faut creuser pour comprendre « le sens de la volonté du ciel » offrent des séries de cas possibles que l’on ne rencontre pas que dans le « Livre des transformations » du Yi-king mais aussi dans  » l’Ancien Testament. »

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Jérusalem, cité céleste, avec des différences individuelles – rouges, jaunes, noires et blanches – sur les mêmes individus possédant une conformité de base terrestre, est une ville juive, et c’est la condition – réalisée, pas idéaliste – pour qu’elle soit une ville pour autrui. Autrui que « la volonté du ciel » (pour parler le 62 %) peut plonger dans l’injustice quand elle veut : pour un Dieu dont on ne peut se cacher, il n’est pas de « bon côté » moins dangereux qu’un autre si l’on prend au sérieux l’idée de sa toute puissance. Et les juifs sont des gens sérieux.

Et les juifs resteront là, même si d’autres dans l’humanité ont pris l’habitude de prier en disant à Dieu « ôte-toi de là, je te parle » alors que l’abandon à Dieu est seul transcendant.

Et pour que Jérusalem soit une ville pour autrui importe avant tout l’aventure formidable de la préservation de soi, qu’en parfaite combinaison des contraires (dite complexio oppositorum) Jérusalem est aussi… à l’image du Céleste.

 

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(1) Nous le signalons régulièrement : les religions chrétiennes et musulmanes ne sont « connues » que par 38 % de la planète… « le reste » – soit 62 % de l’humanité tout de même – vivant côté asiatique, ne croyant pas en un Dieu dont nous ne savons rien, mais plutôt en une volonté du ciel dont nous ignorons tout.

(2) L’hypothèse selon laquelle Mohammed rencontrait en secret un héritier des « Thérapeutes » – secte pratiquant un syncrétisme entre éléments païens et juifs au 1er siècle avant JC – ne nous ancre pas dans un miracle, mais dans une réalité fondatrice elle aussi numineuse.

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