Israël Defense Forces, Musée de Tsahal. Une personne âgée, assise sur une chaise d’écolier, chante un air mélancolique devant un véhicule de transport de troupes. Nous passons, elle s’interrompt, nous regarde en souriant, nous sourions en retour et ordonnons à nos corps de presser discrètement le pas, pour la laisser dans l’éternel, loin de notre mouvement dans le temps.
Et justement, déplaçons-nous dans le temps : quand vous mourrez, personne ne viendra mourir à votre place… c’est votre affaire personnelle. Et c’est bien ce que l’on a attendu de vous toute votre vie : que vous la viviez comme lorsque vous mourrez, que vous la viviez PERSONNELLEMENT.
C’est pourtant simple… mais il y en a toujours prêts à arranger par avance vos affaires à votre place, de sorte à ce que votre vie ne soit pas votre propre expérience, de sorte à ce que votre vie soit à eux, pas à vous.
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Vivre une vie de juif n’a certes pas été, ces vingt derniers siècles, affaire facile pour les juifs, pour cause de préjugés. D’ailleurs, rien ne semble pouvoir être obtenu par l’instruction et la parole, sans quoi il n’y aurait plus aucun crime. Et que l’on ne vienne pas nous parler de la réussite de siècles d’éducation chrétienne, en Allemagne, ni ne venez nous parler du Prophète qui fit massacrer les juifs de Yathrib, pour insolence : au fond, personne n’est convaincu du caractère sacré de la vie humaine.
On nous parle ici et là de vie après la mort : NOUS VERRONS BIEN, mais pour le moment nous sommes ici et maintenant. Nous verrons plus tard si nous pouvons vivre une seconde fois, mais nous souhaitons vivre une première fois. Si l’absence de vie après la mort vous rend malade, hé bien allez-y, supposez que vous êtes immortel, si ça fonctionne. Mais si c’est pour une vie malsaine, dites-vous bien que tout ce qui vit sur terre, par contre, est vrai. Et que vous êtes désagréable, vraiment, à croire vos frères humains en torts, avec votre vérité absolue, autrement dit, avec votre prétention totalitaire.
Si vous vous étiez historiquement soucié de vous engager auprès de vos frères humains, nous aurions vu votre oubli de vous-mêmes ; ce que nous avons vu historiquement c’est « un doigt pointé vers l’autre, trois doigts pointés vers vous. » Vous valez bien tous Paul de Tarse, interdisant aux chrétiens la malédiction et en usant lui-même l’instant d’après. Les attitudes de ce genre ne nous disent rien qui vaille. Commencez donc par résoudre les conflits en vous-mêmes, vous verrez que c’est bien moins facile que de prétendre sauver les autres.
Evidemment, on peut tricher avec tout : cela a été fait et bien fait. Et cela continue.
Y a-t-il quelque chose à faire contre ce genre de gens ? C’est eux qui nous placent en dehors de leurs murs, si nous ne devenons pas chrétiens ou musulmans. Qui nous ? Les sots, les ânes, les hommes de mauvaise volonté, les égarés, les hérétiques, les mécréants … et les juifs !
Cela fait historiquement bien du monde en EXIL.
Cela fait historiquement bien du monde éprouvant de la sympathie pour la possibilité d’une île, la possibilité d’une contrée incréé où l’on serait un peu seul, où l’on serait un peu TRANQUILLE, entre soi.
Et figurez-vous que le guide qui nous a emmené là, nous, sots, ânes, hommes de mauvaise volonté, égarés, hérétiques, mécréants, c’est VOUS ! Et figurez-vous que les juifs avaient quant à eux un territoire à recréer : ils y sont retournés, c’est ce qu’il y avait de mieux pour eux, bien que vous sachiez mieux que tout le monde, dans le détail, où chacun devrait vivre, PAR-DESSUS LE MARCHE !!!
Chrétiens, musulmans, malgré votre intelligence supérieure, vous ne vous êtes jamais laissé guider par la moindre sagesse – vous croyez mais ne savez rien du tout – et pour vivre, vous survivre, il faut
VOUS ECHAPPER, ALLEZ-VOUS LE COMPRENDRE ?!?
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Israël Defense Forces, Musée de Tsahal. Une personne âgée, assise sur une chaise d’écolier, chante un air mélancolique devant un véhicule de transport de troupes. Nous passons, elle s’interrompt, nous regarde en souriant, nous sourions en retour et ordonnons à nos corps de presser discrètement le pas, pour la laisser dans l’éternel, loin de notre mouvement dans le temps… car elle est le symbole de la divine mère de l’humanité, en laquelle tous ceux qui sont isolés trouvent refuge.
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