Art, archétypes, mythes de la création et évolution ou « comment le noir a tiré la première fusée pour nous faire prendre pied sur notre propre planète » – 2015 année de la cause noire, chapitre 17

0

En raison de sa présentation sur une année – et les lecteurs auront le bon sens de se pénétrer des 16 chapitres précédents – les racistes étant depuis le départ hors d’état d’indiquer en quoi leur croyance tiendrait la route, nous allons aborder en ce chapitre 17 « l’art, les archétypes, les mythes de la création et l’évolution ». Autant de choses qui se rapportent à quelques rares principes universels qui sont d’origine africaine et qui passent « par-dessus la tête » de beaucoup vu le mystère de leur autonomie, vu le mystère de leur spontanéité, vu le mystère de leur intentionnalité, bref, qui passent « par-dessus la tête de beaucoup » par leur manière de conscience et leur libre arbitre.

* * * * *

Chacun comprendra, devant l’inexplicable, devant l’inconnu, devant l’existence du cosmos et la genèse du monde, que l’être humain ne peut que « croire » à des « vérités absolues » ; « absolues » jusqu’à ce qu’une nouvelle théorie relègue la croyance – qui n’est pas « le savoir » – dans le domaine du mythe.

Ces mythes qui concernent la création sont une énergie psychique de l’ordre de la pensée, de l’art et/ou de l’action et expriment une prise de conscience ; mais s’il n’est pas de conscience sans préconscience, il n’est pas de préconscience sans que des évènements inconscients se soient manifestés.

Qu’ils se manifestent a permis peu à peu le retrait de certaines représentations et nous voici encore devant l’inexplicable, l’inconnu en tant que mécanisme : l’ancienne idée sur les faits extérieurs est remplacée par une nouvelle idée encore pleine de subjectif … alors qu’une autre est déjà en préparation ! C’est toute notre histoire. Ainsi nos ancêtres, comme tout le monde, « ont pris Monsieur A pour un type génial », puis se sont rendu compte que « Monsieur A est un imbécile » : qu’il y ait une faille entre Monsieur A et ce qu’on en dit, est ce qu’on appelle « la prise de conscience »… donc quelque chose que nous connaissons (presque) (1) tous !

 « L’image du réel » qui occupe aujourd’hui notre champ de conscience est la seule réalité dont nous pouvons parler ; « scientifiquement parlant » pourtant, ces images qui occupent tant notre monde actuel ne sont que des « représentations imagées » d’un long processus vers toujours plus de conscience humaine.

L’art africain, les arts premiers, témoignent – ni plus ni moins – de l’élargissement de notre conscience qui a cherché à se manifester dans ce que nous devons (re)connaître comme les premières personnalités créatrices de notre humanité.

Les africains ont élaboré ainsi le concept d’âme, le ka, concept qui nous est aujourd’hui familier. Mais les africains sont aussi avant tout les créateurs de vastes cosmogonies à l’organisation pré scientifique (thèmes de l’énergie-feu, semences du monde-particules etc.) (2)des êtres spirituels fabriquent le monde ; puis deux êtres spirituels, pour en arriver à un dieu unique qui crée le monde dans notre mythe de création biblique.

Pour ce qu’il en est de l’âme en elle-même, ce concept dont l’humanité est le fondateur et la victime, en toute logique eu égard à ce qui précède, un niveau supérieur réservé à l’avenir nous en apprendra beaucoup ; il est vrai que si l’on prend en exemple notre art cinématographique, qui a considérablement accéléré l’échange d’images, des évènements inconscients se manifestent encore, racontant toujours aux humains eux-mêmes : les notions de « conscient et/ou d’inconscient collectif » ne sont plus des choses totalement inconnues du grand public… (3)

L’art africain, nous en avons parlé, dès le chapitre 2, citant la pensée de Iba NDIAYE Diadji. A moins de ne pas faire face à la nature propre de cet art, son efficience et ses incommensurables soubassements métaphysiques, à moins que les enseignements de la foi et des dogmes ne soient que naïveté et « bon sens de malades mentaux », nous ne saurions mettre en doute l’impressionnante et extraordinaire numinosité de ce travail. Nous ne sommes pas des BHL profondément imbus de préjugés… et sommes plutôt tous les enfants du siècle d’Aménophis plus connu sous le nom d’Akhenaton, départ du premier monothéisme que la tradition juive conserva au monde.

La valeur universelle de l’art échappant aux biologistes de l’instinct sexuel (Freud) et aux tenants de la volonté de puissance (Adler), ne rassurons même pas ces gens qui chassent quiconque ne pense pas comme eux, c’est-à-dire quiconque sait que la conscience individuelle n’a émergé que graduellement et – comme nous venons de le dire – continue d’émerger :

les africains ont en quelque sorte tiré une fusée gigantesque qui a éclaté en une gerbe d’étoiles multicolores nous permettant de nous différencier de la conscience d’autrui,

le sens du mot« conscience » n’étant rien d’autre que « percevoir et reconnaître le monde extérieur ainsi que soi-même dans ses relations avec ce monde extérieur ».

Et quelle fusée gigantesque ces hommes premiers ont donc tiré !

 Voyez-plutôt avec ces quelques exemples, à travers art et archétypes.

Mais qu’est-ce qu’un archétype ? Si l’on veut bien admettre que toute volonté, toute énergie, tout exercice de la pensée repose sur des images, nos données psychiques étant les images qui sont présentes en chacun de nous, ces images sont aussi des modèles de base qu’on appelle des archétypes.

 

Les étoiles

ETOILES

« L’égyptienne Nout, déesse du ciel nocturne, était dépeinte accouchant des étoiles et les posant sur son ventre noir, de la même manière que l’inconscient donne naissance à la conscience et les englobe… ce n’est rien de dire qu’aujourd’hui encore les étoiles continuent de nous émouvoir.

Tous les peuples de la terre ont projeté dans les cieux étoilés les forces et les mythes prééminents de leur cosmos. Vœux, prières leurs ont été adressées,  pendant des milliers d’années elles ont guidé le voyageur, le pèlerin, le marin, tout comme la conscience qui navigue dans ses ténèbres inconnues se repère aux scintillements des formes imaginales du psychisme.

Les étoiles nous parlent de l’infini, du visionnaire, de leur part en nous. »

 

Le soleil

SOLEIL

« Combien de milliers de perceptions sensorielles imprimés sur le corps et l’esprit au cours d’une vie nous viennent du soleil ? Si nous associons naturellement notre capacité à connaître et créer « au soleil éclatant de la conscience », la faune et la flore tournent instinctivement leur visage vers lui comme vers le Centre.

Pendant des millénaires les adorateurs du soleil ont pensé que ses rayons transféraient des pouvoirs magiques de fertilité, de créativité, de prophétie, de guérison et même (pour les alchimistes) un potentiel de complétude au sein de chaque individu. Il n’est donc pas étonnant qu’il ait évoqué le prestige et l’autorité illustre de souverains coiffés d’une couronne solaire ; l’intelligence transcendante de l’être « éclairé » ; la vision limpide du « saint auréolé de lumière ».

En tant que guerrier céleste, le soleil use de sa lumière aveuglante pour chasser les ténèbres du chaos primordial.

Posant son regard maternel sur le monde, le soleil est l’œil de notre Mère à tous. »

 

L’air

AIR

« Aux yeux d’un égyptien de l’antiquité ce repose-tête en ivoire dans la tombe de Toutankhamon représentait un vaste paysage : Shou, le dieu de l’air, soulève un support pour la tête du roi, assimilé au soleil.

De chaque côté se tiennent des lions dont les échines évoquent les montagnes se dressant aux extrémités est et ouest du monde. Ainsi l’air, Shou, remplit l’espace entre la terre et le paradis, empêchant le ciel de tomber. Tout en les gardant séparés, l’air est un médiateur entre la terre et le ciel, montant les prières au paradis, descendant la lumière et les ordres divins jusqu’à l’humanité. »

 

L’œil

OEIL

« Selon une légende, l’humanité descendrait des larmes de Dieu. L’œil a toujours eu une aura magique ; il brille, scintille, s’éteint, irradie. Il reçoit et émet de la lumière, regarde vers l’extérieur et l’intérieur ; c’est une fenêtre sur l’âme et sur le monde. Il révèle et perçoit. Perçant, il voit au travers des apparences. Il peut aussi en voir trop ou ne rien voir du tout. L’œil illumine, comprend, exprime, protège, brûle et fixe. Nous nous sentons reconnus au travers du regard de l’autre et éprouvons du désespoir ou du chagrin à ne pas être vus.

La perte d’un œil ou de la vue peut conduire à un état curatif ou créatif, à l’ouverture sur la clairvoyance, au « troisième œil » ou à la « vision intérieure », à la conscience trans-personnelle, passage « d’une façon de voir à une autre ».

Un témoin oculaire peut se tromper mais la justice voit la vérité parce qu’elle « aveugle ». Ici l’œil d’Horus… »

 

La main

MAINS

« Les mains du pharaon Akhenaton et de son épouse Néfertiti.

La main est un objet de fascination à l’aube de la conscience humaine comme dans la prime enfance.

Dans les religions du monde entier la main de Dieu dénote l’acte suprême et inexorable. En tant qu’instruments primaires de créativité, « les mains imitent le modelage mythique de la matière en êtres différenciés par des divinités qui taillent, moulent, sculptent, tissent et forgent la création ».

Les mains signifient la portée de la conscience souveraine qui créé le monde ; elles incarnent l’efficacité, le travail, l’adaptation, l’invention, l’expression de soi et la possession d’une volonté à des fins créatives ou destructrices. »

 

Le sein

SEINS

« Le sein est source, il est provision, il porte en lui le potentiel de la vie. Il est lié biologiquement, psychologiquement et symboliquement à la source vitale.

Symboliquement la mère, le sein et la mer sont liés. La mer comme image de la source, les mots comme « mare » en latin, « meer » en allemand, « mar » en espagnol pour mer, renvoient à la puissance primordiale de la mère. La signification maternelle du sein est clairement l’un de ses aspects dominants. La première rencontre humaine est fait avec le sein et le terme latin pour sein est « mamma ». Pour le nouveau-né, le sein est la mère et la vie : survie, nourriture, chaleur.

Associé à l’érotique et au sexuel, le sein connote le désir, la beauté de la forme, la plénitude et l’artifice. Tout est question de cacher et de dévoiler, de séduire et d’ouvrir à la consommation. Il s’agit de stimuler, d’éveiller, de transcender potentiellement le temps et l’espace, ne serait-ce que brièvement… »

 

Le roi, la reine

ROI REINE

« Le pharaon Menkaouré et sa reine avancent d’un pas solennel dans leur royaume avec le port serein des dieux. Toutefois la manière dont elle tient délicatement le bras et la taille de son époux est très humaine.

Chaque culture possède sa version du roi et de la reine. Ils sont les têtes couronnées d’un peuple, traditionnellement des individus glorifiés pour leur personnalité supérieure ou des pouvoirs essentiels au bien-être de la tribu. Ils reflètent ce qui est souverain dans le psychisme d’un individu ou d’une société, ses principes et ses croyances. Ces principes sont en partie sous l’emprise de la conscience et en partie sous celle de l’inconscient, ce qui se reflète dans la nature ambiguë du roi et de la reine : ils sont humains et pourtant proches des dieux. »

La charrue

CHARRUE

« L’introduction de la charrue il y a 9 000 ans marqua la transition de la vie nomade à la sédentarisation de sociétés agricoles et à la culture opiniâtre de la terre. Le labourage a toujours nourri le discours et l’imagerie sexuels. Verge de métal perçant la glèbe, la charrue, sous sa forme primitive, symbolise la semence mâle et transcendante qui fertilise la terre, divine et féminine.

La charrue manifeste certes le travail de l’humanité pour arracher le sol à son état primitif, le soumettre à la culture civilisée, mais dans la même logique, « l’arrachement de la conscience à sa nature psychique primitive au profit de l’entreprise humaine ». »

 

La chaîne

CHAINES

« Une chaine lie l’un à l’autre les genres masculin et féminin, évoquant la puissance sacrée née de l’union des deux contraires.

La chaîne exprime les tensions et les affinités également associées à la notion de lien. Chacune des plus infimes particules qui constituent l’être est engagée dans une chaine infinie de réactions de causalité. Les chaines de l’évolution et la recherche du « chainon manquant » témoignent d’un même développement séquentiel, d’une sélection naturelle et de correspondances inattendues.

La psalmodie d’une chaine de noms ou la narration à la chaine de récits sacrés renforcent la continuité entre les générations et raccordent le groupe ou la tribu au pouvoir des ancêtres.

La chaine reflète aussi l’ambiguïté de toute interconnexion car elle symbolise les attaches inébranlables, la loyauté, l’amour, mais également la fixation, l’emprisonnement et la suppression des sources de puissance de crainte et ou de perturbation…

… mais briser ses chaînes c’est aussi se libérer de la servitude et de la tyrannie.

Ainsi quand on a rompu les liens essentiels qui rattachent au moi ou à l’autre il est possible de se sentir sans amarres, c’est-à-dire qu’il est possible de « démarrer ». Le processus psychique procédant lui-même d’une série d’une série d’enchainements signifiants comme la mémoire, le rêve, l’expérience acquise… »

Le fil

FIL

« Le fil désigne bien des choses ! Il embrasse ainsi le court d’un récit ou d’une pensée, aussi bien que les filaments les plus intimes de l’être… la vie ne tient-elle pas qu’à un fil ?

Mêlés en un nœud, les fils évoquent l’enchevêtrement des relations et la dépendance. Le lacis compact sur lequel est assis le petit personnage sculpté de la statuette gabonaise indique, au même titre que son abondante chevelure, l’extraordinaire puissance de cette figure de Simbi, ou génie féminin.

L’entrelacement suggère « le cercle de la vie, le soutien mystique et la boucle comme base de l’instruction et de la compétence humaines : les nœuds sont des boucles semblant n’avoir ni commencement ni fin. » »

 

L’anneau

ANNEAU

« Par l’intermédiaire de la bague, le cercle, forme parfaite et divine, devient tangible. Ce genre d’anneau n’a ni début ni fin, il est intègre et immuable, à l’image de l’éternité. Et pourtant sa forme fermée évoque la totalité, l’enceinte, la permanence. La notion de fermeture est aussi implicite.

Signe de puissance, l’anneau est également source de magie. Au tour du doigt d’un roi, ou d’un sage, il manifeste l’autorité, laquelle peut aussi être transmise à une autre personne sous la même forme : « Et Pharaon dit à Joseph : Vois, je te donne le commandement de tout le pays d’Egypte. Pharaon ôta son anneau de la main et le mit à la main de Joseph ; il le revêtit d’habits de lin fin, et lui mit un collier d’or autour du cou » Genèse 41 : 42. On dit que Salomon tenait sa sagesse de son anneau magique. »

 

La serrure-verrou

SERRURE

« Taillée en forme de figure féminine, cette serrure découverte au Mali est traversée horizontalement par un verrou qui incarne le mari et réaffirme ainsi la claustration de l’épouse. De fait l’association de la serrure et du verrou n’évoque pas seulement le « verrouillage » physique ou l’alliance des contraires dans l’union sacrée de l’hyménée, mais aussi la façon dont l’engagement mutuel préserve l’intimité et la fidélité du couple de toute intrusion extérieure. De même que le verrou protège le grenier où est entreposé le riz destiné à l’alimentation.

Notons que ce qu’une collectivité s’acharne à mettre sous clé en dit long sur ses peurs et ses mœurs…

Pour accéder à ce qui est bouclé à double tour, une clé peut suffire … encore doit-elle convenir à la serrure, telle l’intuition lorsqu’elle soumet à la conscience un savoir inattendu. Il arrive que les défenses psychiques agissent comme autant de verrous qui emmurent le contenu inconscient : c’est au discernement individuel de les fermer et de les ouvrir… »

  

* * * * *

 

Ces quelques exemples sont particulièrement clairs : la fusée tirée en Afrique par les hommes premiers est effectivement gigantesque, a éclaté en une gerbe d’étoiles multicolores nous permettant de nous différencier, de prendre pied sur notre propre planète dans un esprit pacifique pour toute l’humanité (4).

Et il ne faudrait pas se laisser aller à croire que ce processus est derrière nous : l’image n’était qu’un seuil conduisant à de nouvelles dimensions du sens.

Que nous apportent aujourd’hui les noirs ? Que vont-ils nous apporter demain ?

 

Lire la suite

 

 

 (1) Oui « presque tous » car nombreux sont ceux qui vont partiellement conscients, qui savent ce qui leur arrive mais ne se représentent qu’imparfaitement ce qu’ils disent et ce qu’ils font, pour ne s’éveiller que devant un obstacle, comme dans un sursaut…

 (2) Sans cette organisation mentale, pas de science, tout simplement.

 (3) Et quelle déduction ce grand public va-t-il en tirer avec le temps, vu le temps énorme qu’il faut à l’humanité pour réaliser une « simple » déduction, alors que le libre arbitre est une notion parfaitement bafouée par le christianisme et l’islam, deux religions originairement « bonnes » devenues organisations de masse intolérantes et criminelles aux ravages incalculables alors qu’elles prétendent bannir le mal ?

 (4)  « Ici des hommes de la planète Terre ont pris pied pour la première fois sur la Lune, juillet 1969 ap. J.-C. Nous sommes venus dans un esprit pacifique au nom de toute l’humanité.» Mots gravés sur une plaque commémorative restée sur la Lune après le départ des astronautes et lus par Armstrong.

Partager cet article ?

A propos de l'auteur

Commenter cet article

Question Sécurité * Le temps imparti est dépassé. Merci de recharger le CAPTCHA.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.