Scénario Hôpital Psychiatrique : Thème – Pilote « La réunion de service » – Présentation du scénario

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Thème : « Vol au dessus d’un nid de coucou » du point de vue du personnel asilaire, entre 1972 et 1975, lors de l’évolution de la psychiatrie publique.

♦ ♦ ♦ ♦ ♦

Pilote – La réunion de service

Blanc flou d’un mur, on entend une voix chantonner, c’est le Surveillant-Chef Fernand BENIGUET qui chantonne sur l’air de la Paimpolaise.

« Si les femmes pissaient du vinaigr-eu et chiaient du poiv’ mouluuuu …

Fin du flou, on voit le Surveillant-Chef.

  … la salad’ serait vite faite vu qu’l’cresson leur pouss’ d’j’à au cuuuu… »

Voix off de DOM « Lui, c’est mon père, c’est le Surveillant-Chef du pavillon Kervern où je suis affecté…. »

Retour sur le Surveillant-Chef qui ouvre une porte sur laquelle il est écrit « Bureau ».

Le personnel est là, sauf Franck qui garde l’entrée, Mmes Florac et Martineau en service. Tout le monde  y va en même temps de son bonjour.

L’EQUIPE : « Bonjour chef, Bonjour chef bien-aimé, bonjour chef Fernand, bonjour patron. »

Fernand BENIGUET : « Bonjour, bonjour à tous ! »

 Le Surveillant-Chef passe derrière le bureau et s’assied en y posant un dossier à sangles : « Alors… alors… y’a un auxiliaire technique à garder la porte, Florac et Martineau en veille,  on va pouvoir commencer… vous avez lu le rapport de veille de cette nuit hein normalement… je vais voir ça… y’a eu des chiasses ? (prend le cahier des rapports) … Ha, le cahier des rapports… »

PATEUX alias Raoul « Tous sauf Trompe-la-Mort.  »

L’EQUIPE : « Ha haha sacré Michel » expressions diverses avec rires et sourires entendus de l’équipe.

Fernand BENIGUET : « Haaaaa sacré Trompe-la-Mort… rien l’aura… bon moi, l’escalope de veau d’hier soir j’l’ai amené à mon clebs –  vous connaissez mon clebs y boufferait n’importe quoi –  ben l’escalope, il l’a r’niflé, y m’a r’gardé, il a arrêté de remuer la queue, y s’est barré en me r’gardant,  y l’aurait pu y m’l’aurait j’té à la gueule … voilà… mon chien en a pas voulu d’l’escalope… alors cette chiasse ? »

Mme RIOU « On a torché avec tout ce qu’on avait sous la main… on a chargé les sacs pour la buanderie, on s’y est tous mis là hein… »

Divers rires / L’EQUIPE : « Chocolat chaud au p’tit déj’» « y’avait du mou » « les cordes de puits étaient de sortie mais dans l’désordre » «stock de moutarde bien chaude à ramasser» « Champagne ! Les bouchons de croûte ont sautés ! » etc

Fernand BENIGUET : « … c’est pas la première fois avec les escalopes de veau… je vais en parler au chef des cuisines et à Madame l’Econome… même mon chien n’en veut pas… un d’entre vous en a mangé ? (il parcourt l’assistance du regard) … non pas cons…  forcément … sinon tout le monde a mis la main à la pâte ça c’est bon hein vous savez bien que pour moi devant la merde y’a pas de grades faut y aller… tout le monde a bien mis la main à la pâte ? »

L’EQUIPE : « oui… oui… Chef bien aimé… »

Fernand BENIGUET : « Bon… alors je commence par le rapport hein vous l’avez lu mais… alors qu’est-ce qu’on a …bon la chiasse okay…. Ha Monsieur Laurent dors bien avec son nouveau traitement… combien de fois il a demandé à sortir depuis ce matin ? Dom ? »

DOM : «Quatre fois avant la réunion… avec son sac plastoc, sa plante verte, sa radio en pyjama-robe de chambre-chaussons, y dit toujours que c’est aujourd’hui qu’y sort… »

Fernand BENIGUET : « Je reçois sa femme et son gosse cet après midi… bon il a perdu toute mémoire hein ça s’est fait sur les deux dernières années, vous avez vu hier on a pu lui faire passer un verre d’eau pour du vin blanc… je vais les recevoir… Madame Triquoire c’est à 14 H vous s’rez là (il la regarde elle fait oui de la tête) … alors les p’tits plats dans les grands hein, les monstres en promenade – au coiffeur – à la Coop – en ergothérapie… tiens Dom tu m’prends les mystiques et m’les amène à la chapelle… (Dom acquiesce) On mettra Franck à l’entrée …  ceux qu’ont pas le droit de sortir sur le balcon avec deux soignants… bref vous m’avez compris :  on évite tout ce qui peut les impressionner … c’est assez dur comme ça pour eux alors si en plus y’a l’Lolo qui s’pointe en s’branlant sur leurs pommes avec sa colonne Nelson…  attention je compte sur vous…  bon je vois quoi là dans le rapport hein ? La p’tite mère Lamousse a pleuré ? Ben qu’est-ce qu’y a la p’tite mère Lamousse ? »

Mme BLANCHARD : « Pas de visite de son fils depuis plusieurs mois…. »

NGUYEN : « Il est routier et divorcé alors … »

Fernand BENIGUET : « Mme Triquoire vous l’avez reçu en tant que psychologue ? Hein ? »

Mme TRIQUOIRE avec sa petite voix lente douce de psycho-catho « Oui mais ce n’est pas facile, avec son problème de mâchoire et son mouchoir pour s’essuyer, de parler avec elle… »

Fernand BENIGUET : « SON FILS je demande ! Elle est dans l’potage la mère Lamousse SON FILS je dis ! »

Mme TRIQUOIRE avec sa petite voix lente douce de psycho-catho : « Ne soyez pas agressif comme ça Monsieur BENIGUET il n’y’a aucune raison valable pour m’agresser et vous le savez bien…»

Fernand BENIGUET : « JE NE VOUS AGRESSE PAS JE VOUS ENGUEULE !!! SON FILS VOUS L’AVEZ RENCONTRE SON FILS OUI OU MERDE ? »

Mme TRIQUOIRE : « Non mais vous comprenez Monsieur BENIGUET… »

Fernand BENIGUET : « OUI JE COMPRENDS ! Votre boulot c’est quoi ? Il faut que je ressorte la fiche de poste ? ATTENTION HEIN ! Vous DEVEZ rencontrer son fils vous lui avez écrit ? »

Mme TRIQUOIRE « Non mais… »

Fernand BENIGUET : « Vous savez pas écrire ? Coller un timbre ? HEIN ? z’êtes ici aux réunions à titre expérimental ! JAMAIS vous n’avez torché un cul merdeux qu’est-ce que vous y connaissez à not’ boulot exactement ? A quoi servez-vous ? ce s’rait qu’moi les psycho… »

 Elle lui coupe la parole pour se défendre.

Mme TRIQUOIRE « Vous êtes énervé Monsieur BENIGUET écoutez je… »

Fernand BENIGUET : « Non je suis emmerdé par les cons ! Ne prenez pas ça pour vous Mme Triquoire mais je suis emmerdé par les cons… et y sont pas tous des débiles… »

Mme TRIQUOIRE ouvre la bouche pour parler.

Fernand BENIGUET : « On en reparlera HAAA CHHHT CHHHT hopopop… (Mme Triquoire essaye d’en placer une) ON EN REPARLERA J’AI DIS DEJA !!! On peut continuer la réunion ?! … hummm alors là qu’est-ce que je vois hein ? Qu’est-ce que …? Nguyen avec Le Sergent ben c’est mieux hein tous les deux y s’est confié  à l’équipe de nuit  je vois là … vous savez tous qu’il a fait l’indo’ et que Nguyen… au début …. il a fallu le doser hein Le Sergent … j’vous rappelle  le projet c’est qu’il ait un logement extérieur et soit hôpital de jour… alors bien bien ça approche … non mais il est pas méchant… c’est un tueur mais officiel, un militaire, il est pas méchant… con comme l’armée mais pas méchant… je dois l’voir aussi lui hein le prévenir qu’y va pas tarder à monter chez Monsieur Le Professeur Deburgot-Grelet pour sa sortie … voir l’assistante sociale pour le pécule … non c’est en bonne voie… on le laisse boire son Pernod qu’il a planqué sous les sapins avec JeanJean – du pavillon Saint Patrick  – hein… c’est tout c’qui lui reste… »

Mme TRIQUOIRE : « Si je peux me permettre… officiellement… »

Fernand BENIGUET : « Vous en avez fait combien des cures à des ivrognes  ? Vous avez bossé combien de temps chez les alcolos hommes et femmes je parle ? Zéro oui ben voilà Triquoire zéro ! Ici on torche des culs on ramasse la merde :  faut vous mettre au courant, avoir l’esprit pratique … CHTT CHTT j’ai dis déjàààà Triquoire là  ! HEIN ! Vous savez ce que c’est que d’voir souffrir un alcolo ?! Vous savez ce que c’est ?! MOI J’EN AI FAIT SOUFFRIR DES ALCOLOS TRIQUOIRE ET C’EST PAS BEAU A VOIR ! »

PRIGENT : « Oui Mme Triquoire mais non parce que vous comprenez la psychiatrie aujourd’hui… »

 Fernand BENIGUET lui coupe la parole

Fernand BENIGUET : «… C’est AUSSI ramasser d’la merde et torcher des culs, se faire cracher sur la gueule, risquer sa peau,  MA FEMME S’EST FAIT TRAINER SUR 15 METRES  la semaine dernière par les cheveux par un hystérique et c’est pas de la psychologie de merde qui va… »

 PRIGENT lui coupe la parole

PRIGENT : « Calme toi Fernand hein » Clin d’œil – geste d’intelligence : ça vaut pas le coup laisse tomber.

Fernand BENIGUET : « Haaa La psychiatrie, ce métier si pénible et payé d’ingratitude…pfff… Bon alors à part la chiasse ça a été une nuit tranquille… »

Le surveillant-Chef prend la chemise à sangle et l’ouvre.

Fernand BENIGUET : « AAAlors…  R.A.S. sinon ? Hein ? »

PRIGENT : « Si : Monsieur Cochet a encore écrit après le petit déjeuner des insultes contre l’équipe sur le mur de sa chambre, faut faire attention, il est très revendicatif contre le médical… il nous emmerde dès qu’il peut… »

Fernand BENIGUET  : « J’ai pourtant dit qu’y fallait planquer les crayons merde quoi… je vais aller le voir … Nguyen, Raoul,  avec moi : si y fait chier ce pervers qu’a violé sa mère, on le sangle dans la chambre d’isolement trois et faites pas cette tête là Triquoire moi les hystériques je les sangles… y n’a qu’un but : fout’ la merde donc moi – hop – les sangles… attaché 48 H sans bassine au cul ça calme, ça calme… »

 Lourd silence de l’équipe.

« AAAlors … la chemise aux merveilles… voilààààà l’administration m’a r’filé avant d’venir une demande de stage … un stagiaire « recommandé » – un pistonné quoi (il regarde l’équipe avec un air mauvais)  qui va venir chez nous DEMAIN  (il regarde encore l’équipe avec un air mauvais) un première année à l’école d’infirmier, Serge Launay hein … alors… (il met ses lunettes, tient le courrier et le lit) Monsieur le Directeur je sollicite de votre haute bienveillance gna… gna-gna… bla-bla… hahaha encore un bon çui-là tiens… blabla blabla … HEIN ?! (air pas content du tout) «  J’AI  FOI EN LA PSYCHIATRIE »… (lourd silence)… (il pose ses lunettes)… foi en la psychiatrie le mec, 20 ans, petit bourgeois, petit con pistonné… (il inspire profondément) mmmffff… on me l’envoie à moi… bon… BON  (il passe une fois le plat de ses mains sur ses joues, comme pour un massage, tout le monde retient son souffle car tout le monde connaît le surveillant chef : ça va être copieux…)

Une bonne chambrée qu’a bien pétaradé, bien chié, bien pissé dans son lit, qu’a bien sué à s’branler, baisé son oreiller, y’a rien d’ tel dès l’matin pour les p’tits cons : dès demain  je le veux au réveil des chambrées de toute la partie hommes, démerdez-vous pour le laisser seul … je lui fait pas le coup des femmes :  je suis bon prince… vous lui dites juste de réveiller les pensionnaires en entrant dans les chambres. j’en veux pas un qui le prévienne de r’t’nir sa respiration… Son objectif : atteindre chaque fenêtre  sans dégueuler et l’ouvrir… vous serez tous dans l’aile des femmes pour le réveil … ou aux cuisines … »

PICAVET : « Sans dégueuler ? Un première année ? le premier jour ? Y f’ra pas une chambrée… »

Mme RIOU : « Y va dégueuler… »

Fernand BENIGUET : « Servez lui un bon café avant hein, celui des pensionnaires… »

PICAVET : « C’est du sadisme chef… »

Fernand BENIGUET : « Quoi ? Quoi ? Ha demandez lui aussi de tirer les chasses d’eau des chiottes  hahahaha… faut bien qu’quelqu’un les tire… un peu d’escalade dans la merde ça c’est bon ça… »

PRIGENT : « Si y peut atteindre la chasse sans se salir… y’en a qui chient debout – splaoush – y projettent jusqu’au plafond s’il a jamais vu ça, ça va l’surprendre… »

Mme RIOU : «… y f’ra l’expérience d’un potentiel … on devrait l’accompagner quand même… »

Fernand BENIGUET : « Nan nan nan vous lui expliquez juste qu’il faut faire attention avec Monsieur Galet, qui voit le diable au bout de son lit à son réveil, et lui expliquez qu’il faut l’ laisser faire sa prière… ça le mettra en confiance… y f’ra connaissance avec la psychiatrie… petit con… t’le foutrais en gériatrie moi, chez les femmes tiens… à racler d’la moule…  JE VEUX qu’il ouvre les  fenêtres de toutes les chambrées hommes le premier jour… »

PATEUX alias Raoul : « Y f’ra pas une chambrée… faut le prévenir de retenir sa respiration jusqu’à la fenêtre quand même… »

Fernand BENIGUET : « Mais non pourquoi faire PUISQU’IL A FOI EN LA PSYCHIATRIE !!! … petit con… je le prendrai dans mon bureau après… »

Mme RIOU: « Chef, faudrait quand même laisser quelqu’un en bout d’ couloir en cas… »

Fernand BENIGUET : « Oui… Bien vu Mme Riou, je m’enthousiasme mais bon… Dom’ s’y colle et reste visible devant chaque porte passqu’ils l’ont jamais vu le stagiaire… on n’sait jamais … bien vu Mme Riou… dès fois qu’y’en aurait un qui lui saute à la gorge… ou au cul… Dom demain matin vendredi tu colles au stagiaire, discrètement hein mais visible par les pensionnaires… tu m’f’ras un rapport … tu nous raconteras… »

PATEUX : « Ce sera formateur… »

Fernand BENIGUET : « Si y s’effondre Dom’ tu prends l’relai tu fais l’réveil. »

DOM : « Y va dégueuler … on est obligé d’lui faire boire un café des pensionnaires ? On peut pas lui servir notre café ? »

 Mme RIOU : « Ce s’rait plus agréable à dégueuler… ce s’rait plus humain… »

Fernand BENIGUET : « Je vous rappelle que nous sommes dans un système HIERARCHIQUE ! Café des pensionnaires j’ai dit… offert avec bon cœur… avec foi… petit con… »

L’EQUIPE : « Oui Chef, okay Fernand » etc.

Fernand BENIGUET : « Bon après, lundi matin, Le Rouzic et Santelli, les croque morts, vous lui faites nettoyer la morgue avant vot’ tournée d’ramassage dans les services, si y’a du décédé… Mme Glorianne : lundi, vous ne faites pas la morgue, donnez lui du matériel,  serpillière tout ça, qu’y nettoie le carrelage… »

LE ROUZIC : « (rire lourd) har har har le lundi on a d’la viande à aller chercher y s’ra seul dans la morgue… hou hou y’a des r’v’nants… »

SANTELLI fort accent corse : « Ce serait mieux après 10 heures… tout le monde est dans sa boite dans l’huit à dix chef… y verra rien si y vient trop tôt… »

Fernand BENIGUET : « … je suis pas un sadique,  je suis un réaliste… y f’ra connaissance avec l’ambiance de la morgue…  je le recevrai en matinée on verra  c’qu’il en reste de sa foi…. on verra déjà si c’est un de ces pédés qui tombe dans les pommes, s’il sait passer la serpillière le pistonné là… dans mon service un première année… putain… bon alors … on est d’accord… sinon autre sujet : Mme Lemaréchal, notre Econome « bien aimée » (rictus) me demande pourquoi on envoie ceux qui ont des verrues plein les  mains à l’épluchage des légumes à la cuisine centrale… bon nos deux capables de travailler en cuisine et d’s’faire un pécule ont des verrues… j’y peux rien, elle m’emmerde l’Econome… bonne femme… les deux sont des femmes on peut pas les envoyer aux stocks avec les hommes sinon ça être gros porno dans la chaufferie… Hein Dom, t’as vu la chaufferie toi…(signe de tête voulant dire raconte)

DOM : « La marmite de café au lait ? ha oui ! Les pensionnaires qui donnent la main là préparent du café au lait pour deux semaines et le posent sur la chaudière… tu bois ça t’es mort… »

L’EQUIPE : « Haaa dégueulasse » « ça doit avoir tourné » « à la fin des deux semaines ça doit être … » « nooon » etc

DOM : « Y m’en ont proposé …  j’ai dis non… »

Fernand BENIGUET : « … y tiennent le coup les mecs… vraiment ces escalopes faut faire quelque chose… bref … aaaalors note de service : les véhicules des visiteurs sur le parking ré-no-vé le plus possible… à faire savoir… INFORMATION… Monsieur Le Professeur Deburgot-Grelet est en symposium aux USA :  c’est le laboratoire Desrey qui paye… »

PRIGENT : « … avec sa femme… tous frais payés… New York, Las Vegas, Los Angeles… »

Fernand BENIGUET : « … j’ai lu le tract syndical Prigent… c’est pas parce que les médecins touchent cinq francs par injection Desray pour l’Anestor T que… en même temps faut bien les tester sur… t’façon les pensionnaires sont pas à ça près… »

PRIGENT : « Au niveau éthique… »

Fernand BENIGUET : « J’ai lu le tract syndical j’ai dis déjà Prigent. C’est une réunion syndicale ou une réunion de service ? Aloooors…. »

L’EQUIPE divers : « En même temps… quand on sait c’qu’on sait… » « … qu’on voit c’qu’on voit… »  « … pourris… » « … faut pas déconner… »

Fernand BENIGUET : « … Monsieur Le Professeur Deburgot-Grelet est une sommité, la psychiatrie de demain, c’est lui, alors forcément les labos… bon, symposium, symposium … personne n’est dupe hein… c’t’une industrie l’médical… avec son épouse… faut pas nous prendre pour des cons… bon… moi aussi vous savez j’ai mon avis mais je n’peux pas… je ne suis pas là pour m’occuper de ça… vous non plus d’ailleurs je tiens à le souligner… mais bon j’vous laisse juge… mais hein bon c’est pas pour nous c’est sûr… »

 NGUYEN : « Oui ça va changer forcément avec la crise pétrolière les pensionnaires aujourd’hui coûtent de l’argent tandis qu’hier, ils rapportaient à l’Hôpital… »

Fernand BENIGUET : « N’oublions pas qu’hier encore une bonne partie du personnel et de l’encadrement étaient des bonnes-sœurs et des gardiens d’asile… des gardiens de fous… aucun de vous à part Muller (Muller acquiesce)  n’a connu Sœur Miséricorde : à chaque escarre qu’elle nettoyait elle disait « miséricorde » ça faisait « miséricorde, miséricorde, miséricorde »  pour ça qu’on l’appelait Sœur Miséricorde, mais j’dis ça quand j’suis rentré ici c’était après l’Algérie y’en avait encore, on était encore un peu des gardiens d’asile à l’ancienne : ha c’était pénible… »

NGUYEN : « C’est vrai que Deburgot-Grelet… »

Le surveillant chef le coupe

Fernand BENIGUET : « Monsieur Le Professeur Deburgot-Grelet. »

NGUYEN : « Oui lui… on est d’accord que sa vision des choses c’est l’avenir, le plus possible d’HP de jour, le plus possible d’appartements thérapeutiques, si on a tous demandé à venir ici avec toi Chef Fernand c’est qu’on est affirmatif que c’est bien… »

L’Equipe divers : « Oui… Absolument… la sectorisation extra-hospitalière … les inter-conseils-techniques bien maîtrisés…  on peut dire ça… parce que,  établir un référentiel … » etc

Fernand BENIGUET qui ne les laisse pas « bavarder » : « OUAIS enfin vous savez moi je viens d’la campagne et on avait un débile léger pas loin de la ferme qui s’était fait une hutte dans un talus, y gênait personne, y l’était pas méchant, tout le village s’occupait de lui, l’hiver y’avait toujours une ferme qui l’prenait en charge ou l’curé … évidement les gens sont cons aujourd’hui … cette saloperie de télévision fera des ravages moi j’vous l’dis…(certains sourient) Ouais marrez-vous … mais moi j’vous dis que la télé deviendra un transmetteur de saloperies psychiques, c’est une question de temps vous verrez… vous verrez… »

Mme BLANCHARD : « Je dis pas … »

Fernand BENIGUET : « Mais si. mais si … c’t’une structure de distribution des images, c’est quelque chose de pas naturel… on n’est pas préparé… ça cassera l’indépendance de l’individu, remplacera Dieu… on n’aura plus l’contact avec les sens intérieurs…  (L’équipe écoute avec respect) Bon vous connaissez mon fiston puisqu’y bosse ici… Tout p’tit j’lai pris en main … enfin vous le connaissez … IN-DE-PEN-DANT… »

DOM : « Oui oui je suis cap’ de juger seul, personne n’a à m’ faire sauter par dessus ma totalité … »

Fernand BENIGUET : « Voilà… c’est mon fils… y f’ra une belle carrière, c’est écrit… »

MULLER : « Papa est fier de son fiston… hahaha »

Fernand BENIGUET : « Ce sera un grand pro, tiens, exemple : Dom, ça t’dérange qu’on parle de toi d’vant toi ? »

DOM : « wa non j’viens de l’dire j’ai d’autres supports en moi-même que c’qu’expriment les autres, faut pas déconner… »

L’EQUIPE divers : «C’est bien ton fils … » « … ça se tient … » « C’est le fils de son père … »

 Fernand BENIGUET : « … c’est mon fiston… je sais qu’on me dira que j’avais pas à… mais comme le dit Monsieur Le Professeur Deburgot-Grelet, je cite – vous pouvez prendre note Mme Triquoire – « Le risque de la thérapie de groupe, c’est d’en rester au niveau collectif, le risque de l’analyse individuelle, c’est de négliger l’adaptation à la société, il faut pratiquer les deux.»

L’EQUIPE divers : « costaud… remarquable… c’est un bon… » etc

Fernand BENIGUET : « … oui moi je dis aussi que ce qui compte, c’est la conquête individuelle… faut faire sa propre expérience… ça a été la base pour éduquer mon fiston… mais bon alors REUNION – REUNION… on reprend… j’ai vu en venant Mlle Lefevre qui sautait à pied joint sur place avec énergie … elle faisait trois pas, elle recommençait… qu’est-ce que ? Mme Triquoire un avis ? »

Mme TRIQUOIRE : « Je ne suis pas au courant de ce fait cela dure t-il depuis longtemps ?… »

LE ROUZIC : « Heu… c’est moi qu’à fait l’con hahaha… vous vous souv’nez tous que dans une crise elle a tiré sur le fil de son stérilet pour s’l’arracher d’un coup sec… »

L’EQUIPE divers : « c’tait l’horreur… » « Dingue c’est l’cas de l’dire… » « Affreux… » etc

LE ROUZIC : « J’lui ai dis que pour pas avoir d’enfants faut régulièrement sauter à pied joint sur place pour qu’son vagin se courbe dans l’autre sens et qu’l’sperme puisse plus jamais monter… »

Le Rouzic se lève et saute à pied joint sur place avec violence pour démonstration… Santelli a rejoint Le Rouzic dans sa danse, fou rire général ; seule la psychologue ne rigole pas.

Fernand BENIGUET : « … un peu de sérieux, un peu de sérieux… »

Mme TRIQUOIRE : « Je ne ferai pas de commentaire… »

Fernand BENIGUET : « Personne vous en demande Mme Triquoire. »

Fin des rires petit à petit.

Fernand BENIGUET : « Faut rigoler sinon on tient pas… faut rigoler… comme ça qu’on tient le coup… notez-ça Mme Triquoire, notez-ça… »

La porte du bureau s’ouvre. Mlle Leduc, pensionnaire, chante, ou plutôt braille, sur l’air de « Ne m’appelez plus jamais France » de Michel Sardou « La tactique du gendarme » de Bourvil et n’importe quoi …

Fernand BENIGUET : « Mlle Leduc, nous sommes en réunion, veuillez ne pas nous déranger s’il vous plaît. »

Dom se lève et disparait avec elle dans le couloir en refermant la porte derrière lui tandis qu’elle tient des propos incompréhensibles (Logorrhée)

Fernand BENIGUET : « Bon, je pense qu’on a fait le tour…  on a tous du boulot, je propose qu’on en reste là on se revoit demain… quelqu’un a-t-il quelque chose à ajouter ou la réunion est terminée ?… »

Mme TRIQUOIRE : « Moi Monsieur BENIGUET je voudrais dire, tout de même, Monsieur BENIGUET, vous n’êtes pas très coopératif, vous rejetez mes fonctions et … »

Fernand BENIGUET : « Mme Triquoire, ce n’est pas moi qui rejette vos fonctions, vous êtes psychologue, ce sont vos fonctions qui vous rejettent … »

Il se lève et ouvre la fenêtre.

Gros plan sur celle-ci : on entend les hurlements des déments dans la cour des miracles.

Le Surveillant-Chef sort, tout le monde sort.

Mme Triquoire reste seule face à la fenêtre ouverte, avec les hurlements des déments, des hurlements de bêtes à l’agonie.

* * * * *

 Fin [de l’épisode zéro qui est le pilote] commune à tous les épisodes : un homme en tenue de pensionnaire, escalade un mur moyennement haut et regarde la rue, les gens, la ville et dit après observation :

« Alors, c’est là qu’on met les fous… »

* * * * *  

Bandeau informatif : La viande de veau a été remise en cause dans les années 1980 par des scandales alimentaires tel le scandale du veau aux hormones.

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Présentation du scénario 

 

Le scénario comprend, en cas d’épisodes ou webisodes, un générique original de début, un générique original de fin (qui apparait à la fin du pilote).

 

Liste des épisodes et descriptif

 

Episode 0 – Pilote – La réunion de service

Pilote de la série – Dans le bureau du Surveillant Chef Fernand BENIGUET, une réunion de service autour du rapport de veille, au beau milieu de l’Hôpital Psychiatrique…

 

Episode 1 – La bataille de merde

Le ramassage du linge sale n’est pas assuré, une petite équipe emmène le linge sale au nettoyage…

 

Episode 2 – La leucémie de P’tit Vincent

Des petits cercles bleus apparaissent sur le corps d’un pensionnaire…

 

Episode 3 – La morgue de la mort

Le stagiaire est envoyé faire le ménage à la morgue et donner un coup de main aux croque-morts…

 

Episode 4 – Les branlettes du Lolo

Le pensionnaire Lolo se masturbe frénétiquement et est en pleine forme…

 

Episode 5 – La visite de Deburgot-Grelet

Monsieur Le Professeur Deburgot-Grelet – Médecin Psychiatre – fait rapidement visiter le pavillon Kervern à des partenaires extérieurs…

 

Episode 6 – Le mégot

Serge le stagiaire a fumé une cigarette roulée offerte par un pensionnaire…

 

Episode 7 – L’interné d’office

Histoire d’un internement arbitraire : Yvon Poissard…

 

Episode 8 – Le paranoïaque

Un très beau cas de paranoïa arrive au pavillon Kervern…

 

Episode 9 –  Psychiatrie, mon amour pour toujours

La Psychologue Mme Triquoire évoque le renoncement au principe de réalité…

 

Episode 10 –  Le caïd

Un incendiaire qui a fait la une des journaux est susceptible d’être accueilli en urgence au pavillon Kervern…

 

Episode 11 – Le sergent

Le Sergent est sortant, l’aumônier lui rend une petite visite…

 

Episode 12 – Les engrais chimiques

Fernand BENIGUET observe depuis des années que les agriculteurs utilisant certains engrais chimiques sont victimes de bouffées délirantes…

 

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Le scénario comprend également un dossier sur le personnel asilaire, les pensionnaires, les lieux principaux, un dossier sur le fonctionnement hospitalier de l’époque, divers faits et anecdotes intégrables.

 

Aperçu technique

L’action se situe entre 1972 et 1975, tandis que des circulaires font évoluer la psychiatrie publique.

On est passé à partir de cette période de 170000 « lits asilaires » à 70 000 en 1995 et de 250 jours d’internement à 40…

Aujourd’hui les hôpitaux psychiatrique à l’ancienne n’existent plus et sont des centres hospitaliers comme les autres.

Le diplôme d’infirmier en psychiatrie n’existe plus.

Au moyen âge les archers du Roy tiraient à l’arbalète sur les fous agités dans les asiles.

Après les lumières, les gardiens éliminaient parfois de leur propre chef les aliénés à problèmes.

Ce n’est qu’à partir de 1950 que la psychiatrie moderne se mit en place.

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Ce scénario vous intéresse ?

Merci de contacter le Mouvement Vers Rien. 

 

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