L’abominable Docteur Schaefer : machinerie politique, foi mauvaise, mauvaise foi, complotisme.

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« Colonie Dignité » : c’est le nom donné par l’abominable Docteur Schaefer à sa colonie diabolique. Diabolique, si l’on veut bien considérer qu’une collectivité sectaire qui drogue, emprisonne, torture, assassine, fabrique armes et gaz de combat n’a rien d’une gentille coopérative agricole : avec un leader pédophile à la tête de ce petit monde, on peut parler d’activité démoniaque supérieure … et s’étonner qu’un homme de cette sorte n’ait (pour ainsi dire) pas eu à payer ici-bas le prix de son pouvoir, tel son hôte Pinochet, l’excellent ami de Mme Thatcher.

Le fait que d’ultras libéraux américains aient mis en place le régime Pinochet n’est pas une originalité pour l’Amérique du Sud, territoire dont le pouvoir états-unien n’aurait supporté qu’il fût contaminé par le socialo-communisme. Le fait que des nazis aient trouvé refuge en Amérique du Sud n’est un secret pour personne non plus… de là à imaginer qu’en 1985 un juif amateur de randonnée – dont les parents avaient échappé par miracle à Auschwitz – soit la victime d’un camp nazi dans les Andes, il y a de quoi se poser des questions !

« Colonie Dignité », pour peu que l’on porte attention à ses souvenirs on se souviendra d’une enquête, en son temps, dans l’excellent Evènement Du Jeudi, l’ancêtre du non moins excellent journal Marianne : l’enquête de Frédéric Ploquin et Maria Poblete commençait. Et l’affaire fit grand bruit à travers le monde, menant à la sortie en 2016 du film Colonia (avec Emma Watson) qui, en quelque sorte, nous présente l’étude statistique d’une ruche d’abeilles en tenant compte des quelques conditions émotionnelles nécessaires pour le cinéma, tandis que l’enquête présentée par Frédéric Ploquin et Maria Poblete décrit l’ordre de la chute des pierres dans l’éboulis, analyse qui ne pourra que vous emporter en s’inscrivant dans votre mémoire pour le temps qu’il vous reste à vivre.

Quel spectacle ! Dès le début des années 60, Schaefer accusé en Allemagne d’abus sexuels sur mineurs, s’enfuit en Amérique latine avec ses ouailles, s’installe au Chili en bénéficiant d’une exonération d’impôts, accueillant « naturellement » un groupe d’extrême droite local « Patria y Libertad », quelques années avant qu’en 1973 le Général Pinochet prenne le pouvoir.

Belle entreprise en effet que cette colonie dirigé par un ancien brancardier SS, pasteur luthérien, coupée du monde par une clôture, des barbelés, un mirador :  hôpital, école, barrage hydro-électrique, pistes d’atterrissage et… des intérêts financiers dans de nombreuses sociétés avec – last but not least –  pendant la dictature de « l’ami Pinochet », une prise de participation dans le domaine de la police politique.

Pourtant, universellement, la police est censée nous protéger de certains problèmes moraux, mais quand une police est politique et choisit pour nom « les vampires » on peut être certain que son travail collectif ne vise à rien d’autre que d’ériger la torture en système de contrôle.

L’absence de morale étant totale, l’absolu démoniaque de la pédophilie de Paul Schaefer, fondateur, nous plonge dans la substance noire la plus pure, la pourriture comprimée, l’abomination la plus explosive, l’essence même du mal. Et ce n’est pas auprès des personnels de l’ambassade d’Allemagne qu’il faut allez chercher la lumière, comme si certains anciens archétypes organisateurs avaient là aussi pris le dessus…

Ce n’est qu’après de longues procédures qu’en 2005 Paul Schaefer est arrêté, un an avant la mort de Pinochet, pour décéder en 2010 après une condamnation à 20 ans de réclusion pour viols et abus sexuels sur mineurs. Reste que « les familles et les amis des torturés et des disparus, les survivants n’ont pas dit leur dernier mot et ne relâchent pas. Une importante association a été créé en 2014 … »

En 2014 ! C’est dire que ce n’est qu’aujourd’hui, seulement aujourd’hui, que le voile commence à se lever sur certaines responsabilités bien embarrassantes.

Et nous voyons d’ici une certaine extrême droite française, alliée à de non moins extrêmes anti système, s’indigner contre ces errances … mais au fond, pour des idées de « patrie et de liberté » qui sont les leurs pour de vrai, en parfaits vampires. Il ne saurait être question de laisser ces déplaisants vomir sur la démocratie en léchant les bottes de dictateurs. Pourquoi donc ? Mais parce que le système de défense de la « Colonia Dignitad » c’est dès sa création « l’art de retourner une situation » : ce n’était pas le nazisme qui était responsable de la ruine de l’Allemagne mais le communisme et l’URSS. « Ce n’était pas les juifs que l’on avait vu mourir, c’était le peuple allemand défait ». Du Faurisson.

Une rhétorique que l’on retrouve sur divers sites prétendument antisystèmes et/ou antisionistes, qui se chargent de négationnisme, d’honorer un Hamas qui se félicite des méthodes de Daesch en Israël. Entre « ça » et nous inciter à respecter « le droit des femmes à une soumission librement consentie »,  l’art de retourner une situation n’appartient pas qu’aux nazis et aux tenants du « système » … ceux qui se présentent en « résistants » portent en eux un père primitif – tel Schaefer alias Don Pablo alias Pablito, Tio permanente – et peu importe leur façon de s’affirmer dans le chaos du monde : ils ont une conscience morale moins élevée que celle d’un chien à qui, au moins,  il peut arriver d’être en conflit avec ses instincts : l’ennemi est le sioniste, le juif, et la morale se trouve dans le passé, la tradition, certaines générations antérieures d’un islam ou d’une société française où « c’était mieux avant » … bref un instinct hérité, tel celui d’un canidé, mais capable d’expérience pour être plus « bête » encore.

Car au-delà du fait qu’on se demande s’il ne va pas falloir attendre trente ans pour que les responsabilités soient rendues publiques (après la mort des coupables), on constate grâce à cette enquête que l’incontestable peut être contesté par des « coordinateurs » ou « avocats » aussi unilatéraux que douteux qui peuvent amener le public loin de la terre ferme sur des vagues plus qu’incertaines. Internet est un monde virtuel non soumis aux lois de la matière et de la gravitation et les esprits les plus légers de nos concitoyens – rendus à moitié vide par les effets déréalisateurs de certaines politiques éducatives, il est vrai – peu appelés à réfléchir, ont tôt fait de s’envoler dans des croyances qui, par définition, ne sont pas le savoir mais des spéculations sur lesquelles ils devraient réduire leurs activités puisqu’ils ne savent absolument rien, ce qui fait d’eux de purs nuisibles … vivants en colonies virtuelles parfaitement indignes.

L’enquête est courageuse et il y a quelques bonnes raisons pour tout public de la lire avec attention. Certains principes directeurs qui se manifestent dans la psyché humaine où « les mots ne sont que bruit et fumée » (Goethe, Faust) nous renvoient à de mystérieuses instances qui concernent l’homme tout entier et des troubles dont il faut nous sauver. Si l’humanité sort ici où là du trou, c’est pour patauger dans un marécage où nous restons les victimes des opposés, dans une certaine mesure, entre foi mauvaise et mauvaise foi. Face à ceux qui visent à la liberté de choix et ce qu’il en est de l’inexorable réalité, de criminels manipulateurs se présentent comme des êtres sains, ce qui leur enlève toute énergie pour rester propres… n’y a-t-il pas moyen d’aider et d’accompagner à la modestie ? Rien que sur la question de l’intensité des résistances des hommes à l’encontre de l’émancipation des femmes il n’y a que subordination aux rapports subjectifs de certains hommes au monde féminin. Tout comme Schaefer avait un petit membre « viril », comme beaucoup de pédophiles et pédérastes, certains hommes devraient faire face à ce qu’ils sont eux-mêmes : plutôt que de défendre des causes avec des mots de puissance prestigieux, tenez-vous en aux faits de ce qui vous fonde sans vous abuser vous-mêmes et abuser autrui.

En conclusion, une enquête qui pose de bien nombreuses questions pour peu que l’on s’avise que notre conscience est un second créateur ; une admirable description hors catégorie d’un système terrifiant parmi toutes les monstruosités auxquelles le monde contemporain nous confronte… et le plus proche futur encore. Pourtant dans une large mesure, le travail de Frédéric Ploquin et Maria Poblete est une lecture nécessaire, secourable, pour mener à bien le combat contre certains contemporains ô combien pénibles.

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colonia

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