Guérilla de Laurent Obertone ou de la France à l’Atlantide – analyse critique

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La population française est soumise à un esprit borné et rien n’est moins sûr que cet esprit soit français. Il est en partie américain par son rationalisme et si l’Amérique peut détruire l’ensemble du monde comme elle a détruit ses indiens, c’est à juste titre que nous freinons autant que nous le pouvons cette invasion culturelle, éclairés que nous sommes par l’histoire de ce grand pays et notre propre histoire. Et les américains éclairés qui ont tout à y gagner, au final s’en trouvent moins mal : notre lumière républicaine est notre trésor et nous le gardons farouchement pour faire et créer.

La France bien que diminuée pour l’autre partie par son adhésion à l’espace européen, en effet ne se caractérisait point jadis par l’adhésion aveugle aux politiques de l’Ouest. Mais l’opinion commune française et ses oreilles, aujourd’hui, peine à se détourner du bruit des slogans éphémères (1). Les réalités qui dominent actuellement en France nous sembles extérieures : nous semblons un peuple au repos. Nous fanons peu à peu et la mort pourrait bien être notre dernier sommeil. Mais notre matrice  – notre matrice qui nous correspond – reste en nous et elle renaîtra si nécessaire. Bien des choses dépendent de l’esprit, du sens dans lequel nous agissons et créons, dans lequel nous vivons encore.  Laurent Obertone n’est pas politiquement correct ? Oui mais il nous faut l’accueillir pour mettre la vérité à l’épreuve. Les individus ne sont pas une œuvre expérimentale : ils sont aussi douteux et troublant que le « Dieu vivant » lui-même et l’esprit discriminateur qui permet le choix entre ce qui est bon et mauvais, ne l’oublions jamais, est venu le plus parfaitement au monde il y a six mille ans au moment où la continuité historique s’est manifestée… par l’invention de l’écriture.

La grande difficulté pour le critique, qui n’est pas un artiste du langage, est de savoir comment amener l’honorable public à faire, par l’acquisition d’un livre, ou plus précisément d’un chef d’œuvre à reconnaître dans ses droits, l’expérience psychique qui seule peut ouvrir ses yeux à la vérité au-delà des apparences.

Laurent Obertone avec « Guérilla » a, c’est certain, atteint une formulation parmi les plus parfaites qu’il nous ait jamais été donné de lire, du moins depuis « Soumission » de Houellebecq (2) – écrivain  sur lequel nous avons posé en nous-mêmes les lauriers dont on couronne les poètes – sans compter de l’influence stimulante que peut avoir sur le lecteur « L’Orange mécanique », le livre, entièrement écrit en méta-argot, le Nadsat, composé de Russe, de manouche et d’anglais (3), tourbillon des profondeurs d’où émanent les pensées tellement impressionnantes des sociopathes et des psychopathes.

Devant « Guérilla » de Laurent Obertone vont évidemment se dresser bien des culpabilisateurs, tant la pénétration de ce chef d’œuvre littéraire, trop en avant dans leurs êtres, leurs secrets, dressera  en chacun d’eux des résistances : c’est humain,  nul n’a la moindre envie que soit sondé en lui même ce que personne n’a la moindre envie de sonder. Tout individu a en lui une face sombre dont il vaut mieux pour lui – tant que tout va bien – ne rien savoir. Et ce sont bien sûr ceux-là mêmes qui proclament hypocritement leur transparence qui vont tenter de supprimer en vous tout courage viril, courage dont nous avons le plus urgent besoin : seul le contact personnel à travers l’expérience de la lecture de « Guérilla »  vous éclairera et vous enseignera la sagesse, pourvu qu’il se trouve encore des humains capables d’être éclairés.

Certes, pour la masse occidentale, l’expérience des faits est depuis longtemps remplacée par des mots et l’esprit par un simple idéalisme, ou une pure idéologie, mais si ces méthodes fonctionnaient nous aurions été depuis longtemps délivrés de l’erreur.

Beaucoup vont donc tenter d’opprimer l’honorable lecteur, de l’empêcher à assimiler sa propre intégrité en dressant de Laurent Obertone un portrait fantasmatique, pour vous plonger dans l’ignorance de son travail… et noyer chacun dans la crevasse de l’ignorance de soi.

La confrontation a donc commencée.

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Notre monde moderne préfère la masse à l’individu et nos jeunes sont dressés à ce qu’on a coutume d’appeler « les acquis de la civilisation ». Mais le passé est pour nous, adultes, encore vivant dans notre présent et nous serions, pour bien des gens sans la moindre expérience de la vie, à remiser aux oubliettes au profit d’un « savoir » prétendument plus vivant. Si l’éducation nationale ne se contentait pas d’analphabétiser nos jeunes et de faire de notre histoire un objet mort et poussiéreux, nous n’en serions évidement pas là. Pourtant l’histoire est à comprendre à partir de notre présent le plus vivant et n’y a t-il pas dans l’éducation nationale des enseignants après tout ? Que nenni ! Il n’y a là majoritairement qu’un ramassis d’idéologues spécialisés dans l’impasse intellectuelle qui caractérise notre monde d’aujourd’hui. Tout comme dans les médias dominants abreuvés des subventions de l’Elysée. Ces nouveaux « porteurs de la civilisation », ces rêveurs, savent enseigner que « les armes c’est mal ». Mais ne pas en avoir est un mal plus grand encore et l’homme raisonnable se contente modestement, lui, du moindre mal. Comble du manque d’instinct chez les utopistes qui dans « Guérilla » se retrouvent le dos collé au mur, exactement comme par des nazis, mais ce sont leurs bons amis venus d’ailleurs avec leurs propres démesures qui, dans cette œuvre, les massacrent, les violent et mettent à bas une France des agneaux à qui les loups répondent « Tu me provoques ! ».

Quels sont-ils ces bons amis venus d’ailleurs ? Les pauvres, et la misère a une couleur que l’on sait voir quand il faut s’en lamenter et que l’on ne voit pas quand il s’agit de demander des comptes : la misère apprend bien plus sûrement la violence et le crime que les bonnes manières et la vertu ; mais là, plus question d’évoquer migrants et populations du Sud, au mépris de toute évolution future.  C’est qu’il nous faut être des républicains et nul n’a songé jusqu’ici à une autre méthode, pour l’être complètement, que de dédaigner la misère et les faits. Quand on ne ferme pas carrément les yeux sur les évènements comme ceux du nouvel an à Cologne que Laurent Obertone, toujours soucieux, lui, des douleurs que subit notre population, n’écarte pas de sa fiction, tandis que nos moralisateurs autorisés parlent d’intégration et espèrent bâtir une muraille avec des éponges à subventions et aides sociales, au lieu de pierres solides et conscientes de leur rôle pour la pérennité de notre Etat.

Ceux qui aujourd’hui s’estiment en France dans la situation des juifs des années trente, entrent pourtant par milliers dans notre pays… tandis que les juifs en sortent par milliers. Juifs qui vivaient avec nous en symbiotique – pas toujours heureuse pour eux certes – mais en symbiotique quand même avec notre civilisation, comme dans toutes les civilisations où ils se sont toujours trouvés, des Indes aux Amériques.

Par malheur, si notre grande religion chrétienne n’a jamais fonctionné, il en est de même de l’islam qui nous demande de nous adapter à lui, au lieu de chercher à s’adapter à nous. « Guérilla », dédicacé « A ceux qui n’ont pas compris » frappe fort avec une ironie mordante : « cité Taubira », « ministère du très-bien-vivre-ensemble et du numérique », « amendement Fofana » et discours télévisuel aux illusions adaptées, exaspérant et idiot, qui est simplement observé par Laurent Obertone, absolument pas inventé. Mysticisme émotionnel censé apporter le progrès, qui s’accumule, visant l’entente universelle que nous souhaitons ardemment mais est, par de telles pratiques, une façon inattendue de favoriser la recrudescence du nationalisme le plus obtus. L’état de misère dans lequel se trouvent neuf millions de Français ne les rends pas meilleurs évidement : la misère rend tous les hommes égoïstes et augmente la méfiance entre eux. Et ceux qui parlent de progrès sont touts prêts à laisser des femmes devenir des ombres, des Belphégor en burka, des couvents ambulatoires sur lesquels il ne faut rien dire au nom d’un moyen âge que, soudain, il nous faudrait défendre au nom des progrès de la civilisation !

Les moqueries de Laurent Obertone vont bon train, moqueries de ces associations communautaires dont toute critique tombe sous le coup de « la loi d’incritiquabilité » par le biais d’un « denonce-un-raciste.gouv.fr » tant il est vrai que la susceptibilité est telle qu’à la moindre allusion de la moindre différence on se voit accusé d’hostilité. Railleries d’un certain snobisme universaliste qui ne se concentre pas sur la fraternité humaine – combat du Mouvement Vers rien 01-rien.org – mais sur la crainte du jugement d’ignorants infantiles, crainte qui n’engendre aucun amour.

Si la dénonciation de la lâcheté est continue – Laurent Obertone ne publie pas chez Ring par hasard – les cœurs humains courageux de notre police nationale et de nos CRS défendant nos valeurs morales, ou ce qu’il en reste, sont ici reconnus lors que nos politiciens – et nous en avons assez comme cela – les abandonnent eux et leurs familles  … pour la simple raison qu’ils risquent leurs vies pour les autres ? On rogne sur leurs moyens et leurs salaires, les suicides sont fréquents et à ceux qui parlent d’inégalités il ne semble pas venir à l’idée que ceux-ci puissent gagner raisonnablement leurs vies. Le désordre social n’en est que favorisé. D’autant que d’autres sont rétribués à leur place pour développer l’anarchie, ce que Laurent Obertone ne manque pas d’exploiter pour expliquer la chute de la France en trois jours.

Leur sacrifice décrit par l’auteur est alors poignant et ils vont dans « Guérilla », comme dans la vie réelle, à l’abattoir quand nous n’accomplissons pour eux absolument aucun geste réellement généreux.

Nous portons un vide, dont il est question dès la première page, en demeurant dans notre béance et il semble qu’il n’y ait pas d’ailleurs. Nous sommes privés d’intuition, dont il est question dès le second chapitre, mais nos politiciens savent se hisser dans les sondages sur le dos des morts dus à leur gabegie : « c’est toujours l’occasion de gagner quelques points » nous assène Laurent Obertone, « yeux humides si possible » ; « il ne faut pas stigmatiser » répètent les journalistes « sur un ton légèrement menaçant », journalistes qui ne se font que trop rarement les témoins des âmes souffrantes des victimes, quand bien même « les victimes sont la France » en demandant à leurs maîtres de « lancer sans plus tarder, un appel clair à l’union nationale, contre tous ceux qui cherchent à nous diviser » tandis que d’autres hurlent « allahou akbar » pour dire « je suis », comme certains crient sale juif pour dire qu’ils sont sales. « Les valises à billets » qui font d’ores et déjà fonctionner les élections à Marseille, les discussions avec les élèves qui se terminent en appel à « brûler des feujs », « les identitaires, une trentaine » qui manifestent « bien à l’abri des évènements » dont un tente de « se réfugier dans une cabine de toilettes réservée aux personnes trans » sont ridiculisés, tandis qu’un routier russe « un colosse armé d’un démonte pneu », avec son camion à faire passer, fait reculer de lâches petites gouapes  car « si on cherchait un adversaire, il était là. Et s’il n’y en avait qu’un, il serait celui-là »  dans « un pays qui n’avait pas connu pareille fête depuis la Terreur ». Et bien sûr toujours l’information « les faits divers tels le crash de l’airbus, les viols et la mort du Président furent évacués au profit d’une autre information. On parlait d’un nouveau drame. Un enfant avait été tué. Les images du petit corps, brandi à bout de bras par un homme barbu au devant d’une foule vociférante, face à un hallier de caméras, tournaient déjà sur toutes les chaines »…  du déjà vu dans le soutien à la cause palestinienne, du déjà bien filmé par Pallywood, le cinéma palestinien, « (…) ce cadavre étant un argument décisif. Etait monstrueux quiconque ne se soumettait pas à cette image. »

Dans « Guérilla », l’armée, trop occupée à se battre contre ses propres mutins, ne parvient pas à rétablir l’ordre non plus et les paras – à cause de leur mystique – sautent comme à Diên Biên Phu sur des territoires indéfendables ; les djihadistes, qui ne veulent pas être en reste, massacrent et sont dépités de ne plus avoir de réseau pour la diffusion de leurs abominations. Ici ou là des paysans résistent, mais les camps de migrants font la loi en campagne ; les gangs s’affrontent pour des téléviseurs qui, en l’absence d’électricité, ne servent plus à rien ; les islamistes modérés (!) demandent une rançon et sont eux mêmes dépassés, le président de la république est mis à mort tel Kadhafi, c’est bientôt la bataille de Paris, « Brouillard de guerre » puis « pénurie de tout » : « Guérilla », c’est tout cela.

Mais c’est bien plus encore. Nous vous parlons ici d’une œuvre de fiction qui, certes ne tient pas compte du prochain krach boursier à venir, qui rassemblera peut être les citoyens de tous horizons contre tous ceux qui nous tapent sur les nerfs, brisent nos vies pour une dette calculée pour que nous ne puissions jamais en venir à bout. Mais « Guérilla », c’est bien plus encore pour le psychisme qu’un réel observé : toutes les choses écrites dans ce livre sont des choses aussi réelles que peuvent l’être les effets de choses inconnues ; nous entendons par là que « tout ce qui est réel est relativement réel puisque nous n’avons pas en tant qu’humains de représentation de la réalité absolue ». Ainsi la réalité n’est jamais que quelque chose d’observé par un psychisme limité et ainsi de suite… le livre est donc une inattaquable fiction. Il convient de dresser l’oreille à ce que cette œuvre bâtie par un écrivain – devenu écrivain hors pair – nous communique : nous vous en prions, qui que vous soyez, traitez Laurent Obertone avec un peu d’amabilité, même s’il est pour vous un idiot et raconte d’exaspérantes sottises, car il y a dans ce livre d’innombrables grains de sagesses – point de chapitre sans citation réfléchi – sans quoi la science qui consiste à créer des illusions adaptées, sous le contrôle de laquelle nous vivons en nous réjouissant de leur richesse sémantique, nous fera tous tomber dans l’obscurité abyssale de l’inconnaissable : cela aussi, c’est la vie… et les choses réelles ne seront plus les effets de quelque chose d’inconnu à observer, nous serons en enfer, la France sera une Atlantide, il n’y aura plus rien à voir du tout : pas la faute à Laurent Obertone, mais à bien des supercheries.

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En conclusion, un livre plein d’ultra-violence – sans la moindre vulgarité – d’une importance cruciale, car celui qui a retrouvé son sens propre n’est plus propice à s’assujettir à aucune idéologie, celui-là seul est alors loin des « vérités » auxquelles on veut nous attacher. Et pour peu que vous ayez prêté attention à ce que nous venons de dire, « Guérilla » de Laurent Obertone est un livre plein de bonté, qui vise à empêcher la mise en marche finale des forces destructrices présentes dans notre humanité.

Lumineux comme la foudre. Indispensable.

 

 

« C’est en toi que Dieu doit naître. »

Angelus Silesius

 

 

(1) Tout comme on prépare une soupe, on épluche les légumes et met les épluchures sur le côté, au centre tombent les ingrédients essentiels : c’est ainsi qu’on fabrique un slogan.

(2) Houellebecq qui évoque un œil rouge empêchant son personnage de fumer dans « Soumission », que vous retrouverez noir dans l’angle d’un téléviseur soudain privé d’électricité…

(3) L’Orange mécanique – A Clockwork Orange – est un roman de science fiction d’Anthony Burgess écrit en 1962 adapté au cinéma par Stanley Kubrick. Tout au long du livre le narrateur emploi un argot tel qu’il est nécessaire de se reporter au lexique en annexe ! « La France Orange Mécanique » est aussi le titre d’un essai de Laurent Obertone.

La vidéo ici présentée est un clin d’œil à un éléphant que vous aurez le plaisir de trouver et retrouver dans le livre de Laurent Obertone.

Nombreux sont ceux qui, d’ores-et-déjà, réclament l’affiche de la couverture de « Guérilla ». Nous souhaitons donc porter ici votre attention sur le travail de Greg, directeur-artistique aux Editions Ring.

« Vorstellung », « idée », idea » : trois mots en allemand, français, anglais qui ont une correspondance de sens antique, de l’eidos ou de l’eidolon transcendantal qui, pour faire simple, tournent autour du concept de représentation. Ainsi, si l’on comprend « l’image » comme forme structurelle de la pensée, elle est alors issue de l’idée archétypique dont elle hérite.

Produire une image n’est pas à la portée de tout le monde, pouvoir saisir – vu le nombre infini d’expressions possibles – les intentions d’un auteur ET l’incroyablement beau – toujours en migration – pour en faire la transmission est impossible au commun, est réservé à ceux qui sont exceptionnellement doués. Tant au niveau de la lutte contre les préjugés internes, les préférences, les penchants, les inclinaisons et les rejets, que pour la recherche du beau. Pour cela il faut disposer d’un don  : bien évidement, cela ne peut être appris et est une qualité propre à certains individus.

Greg est de ceux-là, sans aucun doute, car qui se livre à la recherche comparative le constatera lui-même : l’esprit humain, les douleurs du monde, ont leur « applicabilité » dans des « choses » parallèles puisque nous avons tous le même psychisme…

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 … et la preuve de la maîtrise de la manifestation autonome concrétisée du « Vorstellung », de « l’idée », de « l’idea », de l’eidos ou de l’eidolon transcendantal par Greg se trouve dans son travail :

obertone

Un travail … de souverain-artistique. 

 

RING

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