RING, les éditions à la rencontre de la peur

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Janvier 2016, les éditions Ring présentent le clip vidéo de leur nouvelle création « La mécanique générale ». Se manifeste aussitôt dans nos âmes le souvenir d’une lecture sensible : Cavanna devant une presse à imprimer fondant avec son associé le Professeur Choron le magazine Hara-Kiri ; sensation que l’entrée en scène de Marsault pour la BD transforme en évènement pur.

Hélas l’apathie est plutôt de mise, dans le monde des « intellectuels » : des masses d’émissions, des tonnes de livres ineptes d’où émergent quelques rares œuvres d’art littéraire certes, excitent bien un petit peu les critiques… mais la plupart du temps ceux-ci gardent les mains dans les poches et le savoir humain s’englue dans le gel mortifère de l’indifférence.

Quant à nous, nous avons pour habitude de laisser la nature se manifester en ouvrant le chemin à celle-ci pour qu’elle puisse faire son œuvre : la moitié de nos critiques littéraires a pour source les éditions Ring, la nature prenant chez les auteurs le visage de leur propre vécu ou de leur cheminement intérieur qui naît de lui-même dans leurs âmes.

Face aux déchirures contemporaines dans notre humanité et ses secrets, ses mystères, ses espérances, ce cumul se devait d’être là faisant des individus du Mouvement Vers Rien 01-rien.org – comme de tous les lecteurs de Ring – des témoins à qui il est offert, par ces faits, âme, sens …. et autonomie.

 

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Policier, thriller, crimes et faits divers, enquête d’investigation, documents, essais mais aussi littérature générale, rock et bande dessinée : celui-là seul qui a une mentalité de névrosé réduira les éditions Ring à un auteur unique et, même si ce positionnement est pour des raisons médicales psychologiquement intéressant, ce point de vue n’atteint pas le moins du monde la recherche de sens qui est due aux éditions Ring, eu égard à son catalogue d’une part, eu égard à la personnalité de David Serra d’autre part.

 

Ring est en effet l’éditeur de …

Stéphane Bourgoin – Spécialiste majeur des tueurs en série, mondialement reconnu

Howard McCord – American Writer

Boris Dokmak – Titan

Norman Mailer – Prix Pulitzer, USA National Book Award

Alexandre Mendel – Grand Reporter

Laurent Obertone – Ecrivain contre-utopiste sur lequel nous sommes on ne peut plus clairs ICI

Jimmy Page (Led Zeppelin) – Consommation de drogues et rock n roll

Zineb El Rhazoui – Charlie hebdo

Dominique Rizet – France2, Planète Justice, BFMTV …

Pierre André Taguieff – Philosophe, historien des idées, politologue

Philippe Verdier – Journaliste, présentateur météo licencié de l’ORTF par France Télévision

Waleed Al Husseini, emprisonné, torturé pour athéisme en Cisjordanie, il est réfugié politique en France et vient de signer chez Ring. La négation de Dieu est une chose à prendre en considération alors que l’état des religions laisse fort à penser et que l’islam n’est pas à la hauteur de la parole d’Allah. L’homme d’aujourd’hui veut comprendre et n’a que faire de prêches : affaire de toute première importance que de soutenir Waleed Al Husseini et de faire prendre conscience aux religieux de leur irresponsabilité au regard des exigences du temps (critique de son premier livre chez Grasset ICI).

… et de bien d’autres.

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Policier, thriller, crimes et faits divers

 

Le produit littéraire le plus prisé des masses est le roman policier. Sous nos cieux, c’est un genre récent (1) qui prend son envol avec Arthur Conan Doyle (Sherlock Holmes) ou Edgar Wallace, après la révolution industrielle, après avoir vu la prospérité que peuvent apporter la science, la technique et l’organisation, mais aussi les catastrophes qu’elles causent : il s’agit d’un genre moderne.

Si ce genre moderne a tant de succès cela fait peut-être longtemps qu’il en est ainsi, au moins depuis que le Christ crucifié en tant que sauveur est entouré de larrons, de scélérats qui sont un centre d’intérêt pour les gens normaux. Accuse-t-on le Christ de fraterniser avec le mal ? Quoi qu’il en soit nous avons probablement tous des meurtriers dans nos ancêtres et parmi les honorables lecteurs, beaucoup qui pourraient commettre un meurtre sans la moindre hésitation, si les circonstances s’y prêtaient.

Le genre fonctionne donc bien.

Pourtant la soif originelle de sang est une chose que la nature n’accepte pas : il n’est pas naturel d’être un criminel avéré, on n’aime pas qu’un crime soit commis dans sa rue, son quartier, sa ville alors que dans l’inconscient collectif gisent parmi rêves, fantaisies, des masques grotesques bien faits pour inspirer la peur : autrement dit des archétypes.

  

Les Editions Ring à la rencontre de la peur

 

C’est la caractéristique essentielle des éditions Ring : aller à la rencontre de la peur – nous parlons bien là de la peur, la peur digne d’être un objet, pas de la peur qui est un état pitoyable, c’est-à-dire une pleutrerie – aller aux fondements de la peur, essayer de la supporter jusqu’à ses dernières extrémités, est aussi une caractéristique personnelle de David Serra qui a su s’entourer des représentants parmi les plus importants dans leurs domaines : Frédéric Ploquin – journaliste spécialisé dans le banditisme,  Frédérique Lantieri – journaliste judiciaire, Stéphane Bourgoin – Profiler, fondateur de l’association Victimes en Série (ViES), Daniel Cerdan – Major au GIGN… Raphaël Sorin Editeur de Bukowski, Houellebecq.

Nous le savons, rien n’est plus contagieux que les émotions : il n’y a pas de contrôle possible en cas de fou rire et, si les émotions ne sont plus contrôlées, alors tout peut arriver ; on peut être saisi par la peur et il n’y a pas de danger aussi longtemps que l’on ressent que son adversaire contrôle ses émotions ; il n’y a pas de danger tant que nul ne cède à la tentation de perdre ses valeurs civilisées, morales, philosophique. Et nous atteignons là un point qui fait du monde de l’édition – de Victoria Ocampo aux éditions Ring – ce qu’il est : une vocation, la vocation d’éditer des livres, pour que la beauté émotionnelle imprimée se manifeste en nous.

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Tout ce qui fait appel à l’émotion, l’espoir, les accidents, la maladie, la foi, le danger, la mort se développe selon un modèle instinctuel, archétypal. Et qui dit archétype dit qui ne connaît pas le temps, l’espace n’existant pas : nos émotions participent pourtant de la temporalité mais – portons-y attention – à chaque fois que nous avons une émotion, c’est comme si cette émotion ne provenait pas de nous-mêmes, nous disons d’ailleurs être « envahis » par une émotion, comme si l’émotion prenait sa source en dehors de nous : nos émotions sont numineuses si ce n’est divines, et puisque la peur emplit le ciel et la terre, elle est un accès à la divine connaissance.

 

 

A l’arrière-plan du David Serra dynamique et moderne, un personnage sage, tout en douceur, avec lequel nous nous sommes entretenus il y a quelques années : une sorte de jardinier qui sait donner à son interlocuteur le goût des pousses nouvelles que porte son arbre de vie… mais c’est à vous de vous guider vous-mêmes, tout le reste n’étant qu’un mécanisme issu de l’instinct créateur (2). David Serra fut éditeur et ami de Dantec. Nous ne parlerons pas ici des disputes entre disciples de Dantec, dont en résumé il peut être dit « qu’untel se définit par telle ou telle connaissance de l’auteur pour en tirer tel ou tel point de vue… avec lequel il végète », tandis que David Serra préfère la floraison de la vie émotionnelle : digne hommage de l’empreinte d’une vocation à une autre.

Les enquêtes d’investigation de Ring sont des documents d’une grande valeur qui offrent au public une certaine forme d’inspiration mentale ; mais ceux qui croient toujours tout connaître n’en ont pas besoin : il ne leur reste qu’à accuser Ring de se mêler de politique, ce qui est tout à fait classique.

Peut-être Laurent Obertone a-t-il eu le tort de prévenir que parmi les migrants se trouveraient des terroristes ? Peut-être Alexandre Mendel a-t-il eu le tort d’avoir averti de la possibilité d’un « mini-Oradour-sur-Glane » comme à Saint-Etienne-du-Rouvray ? L’observation des faits étant le fondement de la science, ce devrait être la première direction à prendre, pour qui se prétend un intellectuel. Beaucoup ont d’énormes progrès à faire au niveau de la conscience et ce – c’est pitoyable – dès le niveau de la simple reconnaissance des faits. On peut, il est vrai,  ridiculiser toute connaissance sur la base de ce qu’en font les petits esprits criards, qui sautillent en bonnes sauterelles, les pattes liées par une chaine de mots et qui zigzaguent ici et là dans le monde des idées… mais ne savons-nous pas qu’en fin de compte « Les dieux eux-mêmes luttent en vain contre la stupidité » (Friedrich Schiller) ?

« Le cinématographe est une écriture avec des images en mouvement et des sons. » Robert Bresson

Tout comme la nouvelle peinture ou la nouvelle musique, le roman policier possède son propre vocabulaire, ses rythmes et ses couleurs.

Ring, des gueules marquées, entre Gabin et Bodard

Ring, des gueules marquées, entre Gabin et Bodard (3)

Série "Engrenages", ses mythologies, ses histoires de flics et sa galerie de personnages

La série « Engrenages », ses mythologies, ses histoires de flics et sa galerie de personnages

 

 

 

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En 2004 David Serra inventait la première bande annonce de livres au monde, en 2016 Ring est la première maison d’édition à utiliser des drones dans ses films.

Dans une forteresse médiévale se dressant à l’écart, les auteurs, debout au pied d’une moitié de tour, sont encerclés par un courant d’air aérien, fertilisant, centré sur ces derniers et qui insuffle en une force autonome les thèmes en cours à un vaste éventail de tempéraments.

 

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Si les éditions Ring vont à la rencontre de la peur, avec Marsault c’est aussi le thème de l’homme qui se cache aux choses, de « la tafiole » qui ne veut pas sortir des jupes de sa mère qui est abordé et ce thème concerne « au plus profond » la grande majorité hétéro.

Ainsi, des marionnettes fraichement peintes aux ficelles mystérieuses d’un tribunal bien-pensant, abhorrent Marsault qui porte atteinte à leur sensibilité esthétique. Des moines, probablement, qui se trouvent dans une société où tout le monde pense comme eux, des censeurs prenant une doctrine à la lettre qui font supprimer la page Facebook du jeune dessinateur, supprimant ainsi leur propre humanité.

 Comme s’il n’y avait pas assez à faire, alors qu’hier nos infirmières jetaient leurs coiffes – obligatoire dans les hôpitaux, la coiffe des infirmières était un voile qui n’était pas sans faire penser à celui des religieuses et  n’a été abandonnée qu’après 1968 – devant des bonnes soeurs médusées dans la France de Tante Yvonne qui ne jurait que par « filles en jupes et garçons en pantalons » ! Comme s’il n’y avait pas assez à faire, alors que nous vivons le retour des « arrangeurs de mariage » avec leurs étables à femmes voilées où n’importe laquelle fait l’affaire pour une relation taureau-vache dans le carcan du mariage ! Pour autant qu’on soit civilisé, si on a un minimum d’estime de soi-même et du genre humain, cela donne à réfléchir. Il y a donc certainement autre chose à faire que de chercher à bloquer l’ouverture sociale durement gagnée par un jeune ouvrier, à moins d’avoir des idées traditionnalistes, pour ne pas dire des idées remontant aux premières civilisations, pour ne pas dire avoir des idées primitives.

Que l’on comprenne bien ici que le Mouvement Vers Rien 01-rien.org est tout prêt à l’entre-assistance avec les musulmans dans les évolutions en cours de nos sociétés : nous ne nous sentons nullement menacés par ce que les uns ou les autres considèrent comme beau, bon et sain. Nous ne vivons que les préludes d’une « union des opposés » à venir et réclamons des autres qu’ils restent en retrait derrière leur vision pour la vivre, tandis que nous vivons la nôtre, qu’elle soit approuvée ou pas ; il s’agit de notre propre destin, de notre propre aventure : hommes et femmes ont droit à petites-amies et boy-friends sans qu’il soit nécessaire de vivre en réprimant les choses de la sexualité, ce qui ne marche absolument pas car comme le disait une religieuse de nos relations à propos de la sexualité, ou plutôt, à propos des choses de la sensualité : « … si Dieu n’avait pas voulu que l’on s’en serve, il ne nous l’aurait pas donnée. »(–

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 Un ring est avant tout une forme fermée évoquant totalité, enceinte et permanence. Du ring de boxe à la piste de cirque (circus ring), le ring est un étrange alliage d’infinité et de fermeture. Portées aux nues par les uns, maudites par les autres, les éditions Ring constituent par conséquent un phénomène contemporain. La tendance générale étant à l’abaissement du niveau de conscience, certains lecteurs n’ont trouvé dans cet article aucune de leurs opinions subjectives qui, par ailleurs, n’engagent que leurs auteurs, mais plutôt un document humain à ranger parmi d’autres de nos études.

Les éditions Ring jettent des lumières dans bien des domaines, ses ouvrages affrontent les énigmes du passé, les plus brûlantes et les plus solennelles épreuves de notre époque. Et en payent le prix.

Chacun de nous affronte ces mêmes épreuves en espérant un avenir plus humain, dans un collectif désaliéné des fascinations abusives, recentré sur la fraternité. La lecture est « matière première », est le seul bien dont on doit être certain : elle est nous-mêmes, elle est l’homme et ses potentialités, les hauts et les bas de nos insondables profondeurs.

Et pourtant…

« Sauvage est la proximité du sacré. »  Friedrich Hölderlin

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(1) Exemple d’autre genre nouveau : Dans les années 20 on cherchait à voir imprimé ce que l’on ne pouvait exprimer soi-même sur la vie, le sexe : une génération se libérait de beaucoup de choses…

(2) Si ce n’est du créateur lui-même.

(3) Gabin, célèbre Commissaire Maigret, Lucien Bodard, Grand Inquisiteur dans « Le nom de la rose » …

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