Episode 1 – La bataille de merde

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Fernand BENIGUET dans son bureau reçoit un appel téléphonique.

« C’EST ? … oui Madame Lemaréchal ha bon… ha bon …. » gros plan sur les yeux du Surveillant Chef … « oui non si le ramassage du linge n’est pas assuré aujourd’hui c’est d’accord pour le merdoux urgent j’envoie des volontaires … » re-gros plan sur les yeux du surveillant-chef «… pour apporter les sacs au nettoyage … oui oui c’est entendu pas de sacs de pissous, que du merdoux Madame Lemaréchal » Fernand BENIGUET raccroche d’un coup sec en grommelant pour lui-même : « … bonne femme … »

Musique ambiance western spaghettis.

Fernand BENIGUET se lève et bougonne en ouvrant la porte « … des volontaires … tracteur en panne pas de ramassage de linge sale … des volontaires merdoux urgent … » Musique ambiance western spaghetti. Il ferme la porte de son bureau à clé. « … buanderie de merde … » marmonne t-il encore.

Fernand se retourne sur lui-même et pose les yeux sur Mme Blanchard.

Mme Blanchard essaye de comprendre « La p’tite mère Lamousse » qui a un trou dans la mâchoire et parle avec un mouchoir devant la bouche pour éponger la salive qui fait bave. On ne comprend rien à ce qu’elle dit sauf le mot fils. Mme Blanchard regarde Fernand BENIGUET et ils échangent sur leur impuissance par des regards qui en disent long.

Surgit « Trompe la Mort » un pensionnaire de plus de soixante ans très abimé physiquement – mais encore vaillant et costaud – qui est né à l’HP en quelque sorte.

Fernand BENIGUET : « Ha, Michel tu tombes bien, le tracteur est en panne pas de ramassage de linge cet après midi tu accompagneras des volontaires désignés d’office pour porter du linge sale à la buanderie je sais qu’on peut compter sur toi. »

MICHEL alias TROMPE LA MORT : « gnascalopes déripette lopettes naha naha » Rire + toux et pets

Fernand BENIGUET : « Ben oui je compte sur toi hein ».

MICHEL alias TROMPE LA MORT : « gnavec qui volontaire ? » + Toux et pets

Fernand BENIGUET : « ça … » Musique ambiance western spaghettis « … je m’en occupe.»

Fernand BENIGUET tourne à un angle du couloir et tombe sur les deux croque morts en train de maitriser Mlle Leduc nue sous une robe de chambre ouverte et d’écarter un prétendant – « Le Lolo » qui allait l’entreprendre – le pantalon aux chevilles, toujours en train de se masturber (sa seule activité).

Quelques pas plus loin il croise « Monsieur Laurent » avec son sac plastoc, sa plante verte, sa radio en pyjama-robe de chambre-chaussons « C’est aujourd’hui que je sors … faut m’ouvrir la porte … » Fernand passe sans le voir.

Plus loin M. Leverge « le maniaque » en robe de chambre avec un fume cigarette vient vers Fernand. Le maniaque avec son élocution maniaque précise des mots : « Ha, Monsieur le surveillant-chef, j’espère que vous allez noter ce que je vais vous dire … » Fernand BENIGUET le coupe « Non vous n’obtiendrez pas un bon de sortie pour poser à poil aux beaux-arts » et entre en ouvrant la porte de la pharmacie comme si il voulait prendre quelqu’un en flagrant délit de ne rien faire. Là M. Nguyen (dit « Le Chinois ») est devant l’armoire à pharmacie ouverte et un chariot avec de petits gobelets en verre vides qu’il remplit un à un.

Fernand referme la porte, se retourne à la vitesse lumière… le syndicaliste pousse un chariot avec « La personne âgée dans le chariot » en train de se masturber, la tête pivotante de gauche à droite totalement « perdu » «J’ai été Maire élu deux fois je suis un homme social » répète t-il sans arrêt.

Fernand tourne à un angle de couloir M. Pateux alias « Raoul » écoute « Le Sergent » qui lui raconte un épisode de sa guerre d’Indochine « … et le gars c’était un légionnaire alors dans ces cas-là le tarif c’est dix bicots pour un légionnaire… ha on a égorgé les dix premiers gus qu’on a vu – rien à foutre qui c’était – et mis les cadavres sur le bord de la route là où qu’on avait trouvé le légionnaire mort… on s’amusait bien …»

Fernand BENIGUET : « Sergent ! Vous tombez bien le tracteur est en panne pas de ramassage de linge cet après midi vous accompagnerez les volontaires désignés d’office pour porter le linge sale à la buanderie : je sais qu’on peut compter sur vous. »

LE SERGENT : « Oui mon surveillant chef » salut militaire. Il demande : « Qui sont les volontaires, chef ? »

Fernand BENIGUET : « ça … » Musique ambiance western spaghettis

Apparait M. Cochet qui demande un crayon…

M.COCHET : « Je voudrais écrire à ma mère… »

Fernand BENIGUET : « Non. Par contre Monsieur Cochet cet après midi promenade-coup de main-solidarité tout ça ! Le tracteur est en panne pas de ramassage de linge : vous accompagnerez les volontaires désignés d’office pour porter le linge sale urgent, je sais qu’on peut compter sur vous. »

M.Cochet ne répond rien et envisage très visiblement en lui-même comment cette promenade lui permettra de voler un crayon… il va voir un autre pensionnaire, Jean-Claude, un débile profond qui ne parle jamais et lui demande s’il y a des crayons à la buanderie. L’autre ni ne l’entend ni ne répond mais M.Cochet fait comme si il y a avait eu dialogue et acquiesce « Tu as raison faut attendre et voir et tenter le coup ».

Enfin Fernand tombe sur Serge « le stagiaire » discutant avec Dom.

SERGE LE STAGIAIRE : « Mais ce café y vient d’où ? J’ai jamais ni bu ni dégueulé un truc pareil… avec quoi c’est fait ? »

DOM : « T’inquiète… c’est comme le sirop, en bois pas, on a des stocks à épuiser, interdits dans toute l’Europe parce que cancérigène… évite ça aussi … »

Fernand BENIGUET : « VOUS DEUX ! » Musique ambiance alléluia « Dom cet après midi tu prends le stagiaire, (rictus) Trompe La Mort, Le Sergent et Cochet : le tracteur est en panne pas de ramassage de linge vous êtes volontaires pour porter les sacs urgents je sais qu’on peut compter sur vous. »

DOM : « Le premier jour, un stagiaire en première année à la buanderie ? Un VENDREDI le jour de …»

Fernand BENIGUET lui coupant la parole : « ‘veux pas le savoir ! On va pas passer notre temps à couver le stagiaire Launay comme j’ai expliqué ce matin déjà à Monsieur le stagiaire Launay ! SYSTEME HIERARCHIQUE ! Promenade de 15 H sacs de merdoux ! Exécution ! »

On passe directement à 15 H indiqué par l’horloge du réfectoire.

La porte d’entrée, Dom, Serge « Le stagiaire » et les trois pensionnaires sont là chacun avec deux sacs poubelles blanc cent litres ficelés en haut. Dessus écrit « TS » pour « Très Sale » au marqueur rouge. Michel alias « Trompe-la-mort » tousse et pète.

DOM : « Bon, tu es stagiaire, tu vas découvrir la buanderie, là où est lavé le linge sale… on va à l’entrepôt… ce qui m’embête c’est qu’on est vendredi … »

SERGE LE STAGIAIRE : « Qu’est-ce qu’y a de spécial le vendredi ? »

DOM : « Le vendredi c’est le dernier jour de la semaine pour les gars des services techniques … bah … »

Conversation interrompue : Alain dit G.I.R. qui pissait contre le mur pendant que Dom parlait se bat contre « Le François » : ils roulent dans la pisse, M. Pateux alias Raoul intervient pour les séparer, lui-même à genoux dans la flaque d’urine.

La petite équipe marche en plein cagnard à travers l’hôpital en portant les sacs avec haltes pour reprendre son souffle.
Sont croisés divers individus pensionnaires et personnel soignant : un infirmier qui dit à deux pensionnaires en promenade de se tenir là pour aller en récupérer un troisième qui court, les deux autres se dispersant ; un pensionnaire tout seul qui engueule les nuages et les menace du poing très agité ; un petit aide-soignant qui porte une grosse caisse à pharmacie avec un gros aide soignant qui porte une petite caisse à pharmacie. Un pensionnaire qui porte un étron entre ses deux mains et lui parle.

Tout cela vu en accéléré.

Le petit groupe arrive devant un vaste entrepôt. Il s’agit d’un hall dans lequel on peut faire rentrer un semi-remorque avec de gros tas de linges aux pieds de quatre machines à laver de trois tambours de soixante quinze draps chacun.

Gros plan sur les visages : Dom regarde la tête du stagiaire et dit « Faut rentrer là dedans. ». Serge le stagiaire sort une cigarette et l’allume par le filtre.

TROMPE LA MORT : « … hé ben … bon dieu … » Toux + pets

LE SERGENT : « J’en ai pourtant vu d’la vérole mille bataillons de putes en chaleur … »

M. Cochet le regard perçant ne dit rien (il cherche un crayon du regard) air filou de celui qui va tenter un mauvais coup.

Dom montre du doigt ce qu’ils voient : des piles de linges et draps jaune d’urine, « le sale – le pissous » des piles de linges et draps marrons « les sacs rouge, le contagieux, à côté, le très sale – le merdoux » commente t-il d’un air désabusé ; il montre ensuite un autre endroit au centre « le tri, faut poser les sacs là. »

Des employés des services techniques disent « bonjour » de loin en hochant la tête et montrant le lieu de dépôt : des « brutes à poils laineux » en tricot de corps.

Serge le stagiaire regarde en l’air car une épaisse fumée est projetée au-dessus d’eux « … un désinfectant contre les microbes … » explique Dom « … personne sait trop c’qu’y’a là d’dans … en tout cas c’est garanti tuer les microbes …»

Enfin, vue du sol, garni d’étrons comme un cookies de pépites de chocolat.

Il faut avancer entre ça, avec les sacs. Une fois que tout le monde est presque au centre, une brute des services technique lance : « C’est vendredi, il est 16 H… »

DOM : « Non les mecs déconnez pas je suis avec un stagiaire … »

UNE BRUTE : « N’importe qui ça serait, c’est vendredi il est 16 H…»

Les brutes en maillot de corps mettent des vestes, des blouses en toute hâte pendant ces quelques mots.

LA BRUTE poursuit : « … et le vendredi c’est BATAILLE DE MERDE ! »

Les brutes du fond commencent à se saisir de merde et en lancer sur ceux près de Dom pris également pour cible avec le stagiaire tandis que les trois pensionnaires détalent en essayant de ne pas glisser sur le sol…

Scène de bataille de merde, indescriptible.

* * * * *

Retour au pavillon, les trois pensionnaires rentrent en premiers, ça ne les a pas perturbé. Dom et le stagiaire sont très sales.

M.Cochet écrit avec de la merde sur le mur.

 

Fin de l’épisode.

 

 

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