De la victoire de l’âme : Je viens d’Alep – Joude Jassouma – Itinéraire d’un réfugié ordinaire – Analyse critique

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A l’attention des lecteurs

 

La guerre et la violence ravagent le monde, nous assistons à un retour de l’humanité à un état primitif de barbarie.

Certains de nos contemporains qui ni ne sont des hippies, ni ne sont de jeunes révoltés, résistent à l’incroyable durcissement asocial de l’homme de la masse contre son semblable.

Grâce à eux l’âme humaine, qui ne vit que dans la relation avec les autres hommes, est sauvée.

Cet article leur est dédié.

 

« Être unis, c’est le bout du monde

Le cœur de l’homme s’agrandit

Le bout du monde s’approche… »

Paul Eluard

 

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Avant-Propos

 

Nous avons toute raison de ne nous approcher du conflit Syrien qu’avec modestie et humilité … et nous aimerions que ceux qui ont pris un parti, c’est-à-dire ceux qui ont un parti pris, reconnaissent eux aussi cette limitation : nos donneurs de leçons autorisés, ceux qui pensent toujours avoir tout éclairé – nos politiciens et nous n’en manquons pas  – ont vendu des armes à des terroristes, ont honoré un prince saoudien de notre légion d’honneur…  Ces « gentlemen » – non content de leur corruption – ont fait à notre patrie une réclame lamentable : le camp de Calais a révélé sous un triste jour l’inadaptation honteuse de nos politiciens à faire honneur à nos principes républicains. Heureusement le courage moral et l’intelligence de particuliers ayant atteints la meilleure connaissance possible de qui ils sont et de ce qu’est le monde transfigurent l’atmosphère assombrie de notre grande famille française. Grâce à eux Joude Jassouma, sa femme Aya et leur fille Zaine Alsham, comme beaucoup d’autres, voient certaines de leurs souffrances apaisées.

 

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C’est par la voie de l’expérience vécue que l’on acquiert le mieux la compréhension d’un problème aussi, lorsqu’un individu raconte son expérience, il est judicieux d’y prêter la plus grande attention.

En effet, pour des raisons géographiques, certaines informations ne sont pas vérifiables par l’individu : l’information n’est aujourd’hui plus qu’une masse d’opinion où les partisans d’un « isme » accusent toujours « les institutions de communication de l’information » de mensonges, pour mieux imposer les leurs. Quant à savoir si une « institution de communication de l’information » est entre les mains d’une nébuleuse quelle qu’elle soit, vu l’état mental de la population humaine, il n’est pas besoin, pour certains, d’aller chercher bien loin une nébuleuse…

 

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Pourtant certaines enquêtes journalistiques sont couronnées de succès et ce lorsque leur concept est empirique, mais dès qu’une information est teintée de philosophie, de la philosophie d’un « isme », il ne s’agit plus que de « prise en main » de l’information, il ne s’agit plus que de manipulation de l’information. Du coup, nous nous retrouvons avec une information X que l’on trouve par ailleurs dans sa version Y : la seule chose vérifiable par l’individu est alors qu’il y a interprétation de l’information… ce qui est en soi une sacrée information !

Le monde propre de Joude Jamoussa nous est donc raconté, avec Laurence de Cambronne, dans un livre conçu avec une attitude et une volonté très soigneuse de prise en considération des faits, sans jamais se laisser emporter par un « isme », s’expliquant avec nous des étapes successives qui ont mené Joude Jassouma et les siens de Syrie en France.

Des souvenirs de jeunesse, de camarades d’école, de tourments très humains, l’histoire d’une famille où chacun doit apprendre par un dur labeur « la valeur d’un sou » : « une enfance malheureuse » où « neuf enfants dorment dans la même pièce ». La description d’un quartier populaire, ses joies, ses peines, tout correspond parfaitement au témoignage graphique de Riad Sattouf « L’arabe du futur » sur sa jeunesse en Lybie et en Syrie.

Joude Jassouma c’est aussi la conjonction de plusieurs sortes d’études en un seul homme, pas par chance – vous le découvrirez dans l’ouvrage – mais par vouloir. Doué pour l’électronique, amoureux de la littérature française, le voici accumulant savoir technique et savoir linguistique sous le régime de Hafez al-Assad découvrant, observant, constatant son monde entre haine d’Israël et ennemis de l’intérieur : les Frères Musulmans. Ainsi à 13 ans, l’apprentissage de la kalachnikov est inscrite au programme scolaire. La ville de Hama « passe aux mains des Frères Musulmans » ? « La ville avait été rasée. Vingt-cinq mille personnes tuées en deux semaines. »

« On était en 1982, un an avant ma naissance. A cette époque, Hafez Al-Assad avait pour principal allié l’Union soviétique et il accusait l’Amérique d’orchestrer le conflit entre les Frères musulmans et les alaouites du parti Baas au pouvoir depuis 1971. Ce parti unique, socialiste et laïc, avait mis en place un Etat policier. Il n’empêche que j’ai grandi dans un pays en paix.

Nous savions que notre président ne laisserait jamais les religieux, les fanatiques, les fous de Dieu prendre le pouvoir. Il nous protégeait et il était plutôt moderne. Il est vrai qu’il était alaouite et les alaouites ne sont pas pratiquants. Il voulait que les filles aillent à l’école et elles n’étaient pas obligées de porter le voile. A Damas, Alep ou Lattaqué, les filles étaient habillées à l’occidentale. Dans un pays où 80 % des femmes étaient alphabétisées, un grand nombre d’entre elles n’étaient pas voilées : les chrétiennes, les Kurdes et beaucoup de musulmanes des quartiers riches ou du centre-ville.

Nous avions beau être un pays moderne, le président était élu à 99,90 %, la liberté d’expression n’existait pas ni la liberté de la presse. Il n’y avait pas d’opposition parlementaire. Les prisons étaient pleines d’opposants politiques, les arrestations arbitraires monnaie courante. Je ne savais pas que nous vivions sous une dictature. Il a même fallu que j’arrive en France pour apprendre que l’ancien chef nazi Alois Brunner avait été longtemps le conseiller de Hafez-al-Assad sous le nom d’Ali Mohammed. »

 

« La langue française m’avait toujours plu. Mais à quarante-cinq par classe, autant dire que je n’avais pas appris grand-chose au collège et au lycée. Ce n’est qu’en terminale que j’ai véritablement découvert la littérature française. Cette année-là, j’ai lu beaucoup de classiques français traduits en arabe. En particulier Les Misérables. J’ai fait connaissance avec Jean Valjean, Fantine, Javert, et surtout la petite Cosette dont je me sentais très proche…

J’adorais, je savais par cœur « Liberté » de Paul Eluard. Ce poème était fait pour moi, tant je me sentais prisonnier de mon père, de ma famille. Je me percevais tellement différent. Je voulais être indépendant, décider par moi-même de ma vie. Je voulais être libre.

Paul Eluard était mon maître.

« Sur mes cahiers d’écolier, j’écris ton nom : liberté… »

 

 

Un voyage en France dans le cadre d’accords de coopération puis Joude Jassouma donne des cours de français, avant que ne se déclenche la guerre, avant de trouver l’amour avec celle qui est aujourd’hui sa femme : Aya.

Le mariage n’aura pas lieu comme il l’avait prévu au « Zain palace » d’Alep…

 

Le Zain Palace aujourd’hui

Le Zain Palace aujourd’hui

 

Suite à la mort d’un de ses cousins dans un bombardement, le mariage aura finalement lieu dans un petit salon chez la mère d’Aya.

 

« Quoi qu’il arrive, nous serions deux désormais »

 

De ce mariage naitra la petite Zaine Alsham.

Mais la magie de l’amour n’empêche en rien que la vie à Alep devient un cauchemar.

Il faut fuir.

Commence alors un périple de la Turquie à la Grèce à quarante sur un canot en plastique. Sauvetage par les gardes côtes Grecs : « Welcome to Greece », puis ce sera l’accueil de bénévoles « Welcome refugees », jusqu’à Athènes où l’union européenne relocalise les réfugiés. Son prénom « Jehad » (traduction : celui qui réussit ce qu’il entreprend) problématique, sera changé en Joude (générosité en arabe)… des questions, des entretiens avec les autorités concernant sa situation et enfin…

« C’est irréel. Nous partons pour la France ! LA FRANCE ! »

 

… et c’est aussi nous, lecteurs, qui sommes soulagés.

 

Joude Jassouma parle alors de son bonheur en Bretagne, France :

« Ahlan wa Sahlan, Antom Fi Martigné-Ferchaud Ana Raes Al Baladia. » Autrement dit : « Bonjour à tous, bienvenue à Martigné-Ferchaud, je suis le Maire. »

 

Inscription à l’université, sa qualité de réfugié n’est pas reconnue…

 

* * * * *

 

Il vous reste donc à découvrir dans le détail de ses mots utiles, un livre dont les mots justes ne blessent à aucun moment et auxquels la vérité est attachée.

Naturellement il y a de très grands hommes dans l’histoire qui nous ont dit la vérité : ils ont été balayés… c’est donc au bon moment que parait ce document car la modestie de Joude Jassouma a eu en nous-même un fort retentissement, puisque touchant la réalité humaine, l’humaine condition, elle est à propos.

Le processus évolutif à découvrir dans « Je suis d’Alep » pourrait être celui de n’importe quel humain, de n’importe quel peuple qui se conduit lui-même en un pays où règne la sécurité, comme l’ont fait et le font encore les juifs à qui, en France, Joude Jassouma découvre qu’il a le droit de parler.

Les réfugiés n’ont pas forcément bonne presse puisque la France, plutôt que de faire dormir ses enfants en toute égalité sur des lits superposés, préfère en faire dormir quelques-uns sur des matelas par terre : ainsi quand des gens dormant sur des matelas par terre arrivent dans notre chambre française, pour sûr, ceux qui dorment déjà là n’en sont pas bienheureux. Il est vrai aussi que d’autres, venus en France bien avant lui, agissent comme ces champions de l’acte manqué qui arrivent en retard au théâtre et marchent sur les pieds de tout le monde pour rejoindre leur place…

 

(…) Aya s’est baignée, tout heureuse, avec son tee-shirt à manches longues, sa robe et son legging. Quand quelques jours plus tard, l’affaire dite du « burkini » a enflammé les médias, nous nous sommes estimés heureux d’avoir été accueillis en Bretagne et non dans le sud de la France.

 

Certes sur 01-rien.org, nous ne nous sentons nullement menacés par ce que les uns ou les autres considèrent comme beau, bon et sain… cependant des musulmans ont eu « la bonne idée » d’une opération burkini à Nice – à Nice comme pas ailleurs sur nos 3 427 km de côtes – avec une étonnante synchronicité dans le temps : un mois après l’attentat niçois du 14 juillet, puis souhaitent à présent ouvrir une banque islamique promenade des anglais… Joude Jassouma et les siens vont donc découvrir que les « Frères Musulmans » ne sont pas si loin … Il lui reste à découvrir l’antijudaïsme des « 41 voleurs de mémoire du Journal Du Dimanche » oublieux de l’Ecole Ozar Hatorah de Toulouse, il y découvrira  le Sieur Boubakeur – Recteur de la mosquée de Paris, 10/10 sur l’Echelle de Grokono – persistant à placer l’idée de blasphème en présentant l’assassinat d’un prêtre de 84 ans comme « blasphème suprême » qui serait bien plus suprême que l’assassinat de trois enfants.

Gabriel, 3 ans, Aryeh, 6 ans et Myriam, 8 ans… juifs, il est vrai (1).

Il lui reste à découvrir aussi le combat mené par Waleed-Al-Husseini contre l’islamisme et ses provocations.  Il nous serait bénéfique enfin que le Coran, comme tout livre religieux censé se dresser contre barbares et névrosés, dont les contradictions – « tuez-les tous / aimez les tous » – nous laissent devant un total libre arbitre, soit pris en considération – ni plus, ni moins – comme les autres livres sacrés des autres religions monothéistes (2).

Nous avons l’espoir que le caractère naturel de Joude Jassouma contribuera à réhabiliter les musulmans.

Comment ? Par l’exemple de sa modestie, sa modestie naturelle : quoi de plus immodeste qu’un burkini exposé après un bain de sang sur les lieux du crime ? quoi de plus immodeste qu’une banque musulmane qui veut se manifester sur ces lieux-là ? quoi de plus immodeste qu’un Boubakeur qui bloque encore à ce jour toute avancée de l’islam en France ? quoi de plus immodeste que l’antijudaïsme des signataires du JDD ? Quoi de plus dégueulasse aussi ?

 

* * * * *

 

« J’aimerais être un membre actif de la société française. J’aimerais m’engager pour rendre à la France un peu de qu’elle m’a donné. Je ne sais pas encore comment mais je vais trouver. »

 

Joude Jassouma n’a pas à chercher comment il pourrait s’engager pour rendre à la France un peu de ce qu’elle lui a donné … c’est d’ores et déjà chose faite : son témoignage est sans cet auto-érotisme permanent que de trop nombreux musulmans, « du haut de leur hauteur » et de leur « supériorité morale », nous assènent et que nous devrions subir sous peine d’accusation d’islamophobie. Non, Joude Jassouma est déjà dans la participation mystique avec notre république : il n’est plus un réfugié, comme bien d’autres. Il ne lui reste qu’à prendre conscience que ce qui modestement nous revient à nous, lui revient à lui.

 

 

(1) «  Les caméras de vidéosurveillance montrent que le tueur assassine l’un des enfants alors qu’il rampe à terre aux côtés des corps de son père et de son frère. Il entre ensuite dans la cour d’école et poursuit Myriam, l’attrape par les cheveux et pointe son pistolet qui s’enraie à ce moment d’après les caméras de vidéosurveillance. L’assassin change alors d’arme et tire dans la tempe de la fillette à bout portant. »

 

(2) Atterrés, nous sommes atterrés quand nous voyons le nombre « d’intellectuels » qui veulent modifier le Coran lui-même, puisque bien sûr on n’y comprend rien, puisque bien sûr il y a là plein de contradictions évidentes. Fichtre, il faut tout de même s’attendre à ce que les étrangers ne soient pas comme nous ! Nous : nous avons « une forme de spiritualité » de Goethe à Schopenhauer, de Shakespeare à Melville et chacun a des connaissances en psychologie depuis Freud. Mais avec cela nous ne sommes pas plus malin que les musulmans : nous n’y comprenons pas grand-chose et il en va du Coran comme des auteurs ci-devant… ainsi chez les musulmans c’est à se demander qui a lu le Coran, chez les occidentaux c’est à se demander si quelqu’un a lu quelque chose…

En Bref la Bible a été critiquée pour ses contenus contradictoires, le Nouveau Testament aussi, et maintenant c’est au tour du Coran.

La clé ? Le libre arbitre – le choix entre deux choses opposées (comme il est dit plus haut : « aimez-les tous ou tuez-les tous » : libre choix) – présent dans la Bible, le Nouveau Testament, le Coran … libre arbitre que personne ne souhaite, puisque difficilement contrôlable.

Et ceux qui se réclament du Coran ou de grands auteurs sans même les lire, au RIEN apparent par un PLEIN de prétention, galopent comme galopèrent les nazis avec Wotan, il y a peu.

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