Car c’est ici Jérusalem – Opus 1 – Le cœur et le sens

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La force avec laquelle le genre humain croit à travers les âges en l’efficacité de l’invocation d’un nom symbolique « de Dieu » ou « d’un lieu sacré » est, pour beaucoup, la chose la plus consternante qui soit. Aujourd’hui nous le savons mieux qu’hier, il ne s’agit pas d’un non-sens mais d’un fait psychologique recélé par l’humanité toute entière. Aujourd’hui nous le savons mieux qu’hier, un symbole est toujours un fait inconscient et il n’est pas inutile de donner des noms aux faits inconscients. Et il en sera ainsi tant que nous ignorerons le sens de la substance inconsciente cachée derrière le nom de tout symbole.

Il fait nuit depuis longtemps pour ceux qui, pris dans des lois obscures, participent à « un jeu » où le commun des mortels n’ouvre jamais la voie mais est plus ou moins « le jouet » d’influences ou de manipulations car ils ne sont pas vraiment libres, ceux qui vivent dans la nuit… mais après le coucher du soleil et la tombée de la nuit, la lumière blafarde de la lune, revient le lever du soleil : Zion Karsenty, Yithzhak Yifat et Haïm Oshri, trois noms, trois hommes – qui ne s’y attendaient pas, la chose n’était point dans leur horoscope  – deviennent trinité symbolique de la chaleur, du feu et de l’impétuosité d’une très ancienne maison dont la condition de passivité ne saurait plus être : trois soldats de Tsahal se recueillent dans la vieille ville de Jérusalem, au mur des lamentations, le « Kotel » exposant après la guerre des six jours qu’il faudra désormais compter avec une nouvelle disposition du soleil pour le destin des juifs… et de l’humanité.

* * * * *

Du point de vue de certains, du point de vue de certaines tribus à l’éducation religieuse étroite, mais riche cependant en préjugés, tout cela n’est pas la volonté d’Allah. Et pourtant Allah, autrement dit l’imprévisibilité de l’inconscient, est ici cruellement blessant car cette victoire des juifs – semble-t-il permise par Allah  – implique pour le monde entier une nouvelle orientation éthique. Et les palestiniens et pro-palestiniens n’en sont pas bienheureux, promettant aux hébreux un enfer où ils se cuisent eux-mêmes assez bien.

Pour le coup, du point de vue de la tribu du Mouvement Vers Rien, le mal n’est pas si terrible, au vu de la croissance démographique palestinienne et  le bien n’est pas tellement bon, car la relation bien-mal traditionnellement choquante pour un esprit occidental, oblige à une certaine indulgence vis-à-vis du peuple juif, ayant pour éthique de sauver les membres de leurs tribus de pays, pour eux devenus véritablement maudits, car ayant renoncé – justement – à toute éthique.

Alors peut-être Dieu est-il un imbécile ? Non ? Dans ce cas, oui, c’est bien plus sûrement l’homme qui est un imbécile et ne voit rien du monde créé : les poissons ne sont pas les maîtres de l’étang, ils n’en sont que des contenus et ne peuvent lui imposer leurs lois. Que des poissons souffrent de mégalomanie et pensent que ce sont eux qui contiennent la mare, sont capables d’en boire toute l’eau et de la contenir dans leur ventre, n’a visiblement pas la moindre importance pour Dieu.

Trois hommes ont lancé – avec d’autres, parfois morts au combat et qui les précédent dans la tombe – le fonctionnement d’une machine. Une machine où chaque rouage est juif et produit une vie juive, une machine complète avec lumière et ombre. Et, ce qui offense le plus certains, le font avec du SENTIMENT.

Que l’on ne s’y trompe pas, les sentiments, après la lumière et l’ombre, sont une valeur. D’ailleurs, qui, chrétien, musulman, n’a pas mis les pieds depuis longtemps dans une église ou une mosquée en sera remué, sentimentalement : voilà bien ce qui arrive à Zion Karsenty, Yithzhak Yifat et Haïm Oshri.

Ainsi ces trois individus, fermes dans leurs convictions, arrivés au pied du Kotel après bataille, après conflit, se recueillent. Pourtant, ils ont l’air d’écouter de la musique, d’être saisie par elle, comme si ce qui ne les avait pas broyé jusque-là s’apprêtaient à les emporter sans qu’ils ne puissent faire aucun mouvement. Sans même chanter pour se joindre à la musique : non, les trois hommes ne veulent pas, ici, se faire sentir, ne veulent pas s’exclure car chacun, personnellement, l’appréhende ainsi dans les tribus d’Israël depuis la nuit des temps.

Leur révolte ouverte contre ces pays qui chassent « le juif » ne correspond, dans leur intimité, à rien et paradoxalement ils sont les figures d’une étape sur la terre, dans le réel. Que les chiens aboient et que les voitures klaxonnent ! Zion Karsenty, Yithzhak Yifat et Haïm Oshri ne représentent pas que l’humanité puisse être ramenée à de si petites choses : quand bien même leur personnalité d’homo sapiens est spécifique (autant que la vôtre), quelle que soit votre approche de cet évènement, leurs visages de différents types nous transmettent que chacun est important.

Si trois figures nous adressent ainsi un message, malgré l’uniforme impersonnel, de fonction, c’est que chacune a un caractère personnel, tout comme chacune avait tout à perdre, tout comme leurs camarades. Trois figures sont produites et ne perdent là, malgré tout, aucune caractéristique et qualité de l’être humain, mettant en marche une machine dans laquelle on se met pour être transformé.

En quoi ?

En êtres encore plus humains, en temples de vies, de vies parfois inachevées par lesquelles les choses parviennent à exister ; car c’est ici Jérusalem : dans le cœur d’êtres humains accomplissant le sens de notre espèce.

Et rien n’est davantage de l’ordre du sacré que cette machine là.

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