« Blasphémateur ! Les prisons d’Allah » de Waleed Al-Husseini – analyse critique + appendice : Mouvement Vers Rien, athées et croyants

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Les conceptions de certains individus, les conceptions même des choses et du monde, présentent parfois un infranchissable ravin devant les modifications que subit la situation d’ensemble de la vie. Ce qui, au moyen âge, ne posait pas de difficulté importante, est devenu incompréhensible à l’homme d’aujourd’hui.

Le développement de l’esprit au cours des six derniers siècles a placé, pour beaucoup d’êtres, l’intellect comme l’emportant au premier chef de la conviction contre toute croyance littérale, toute acceptation purement concrète et bornée de la religion : c’est la fameuse faille entre croire et savoir.

Pourtant les textes religieux sont riches en symbolique, mais pour ce qui est de l’explication du symbolique par le croyant, vous pouvez toujours attendre : les données décisifs des documents religieux ne sauraient être rabaissés au rang de mythe…

… alors que pour celui qui ne se contente pas de croire, il est évident que le mythe est le constituant même du contenu de la foi.

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Si nous rendons ici hommage à Waleed Al-Husseini pour son livre, nous rendons avant tout hommage à son combat pour une autre conception du monde. Ou plutôt son combat pour les principes de la connaissance, censés être assimilés par les hommes cultivés de notre temps. En espérant que la négation de Dieu ne fasse pas de l’athée celui qui sait ce qui est bon pour l’humanité. En espérant que l’athée se limite à ce qui peut être su, n’affirmant pas que l’inexistence de Dieu peut être cru.

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En occident, l’inquisition est derrière nous ; en Islam, elle bat son plein : Waleed Al-HUSSEINI est, en 2010, le premier palestinien d’origine musulmane incarcéré en Cisjordanie pour avoir rejeté l’islam. L’autorité palestinienne, autorité « laïque », en fait son ennemi public numéro un – ce qui n’est pas rien – et l’arrête pour « outrage à la religion ». Pendant plus de dix mois il est torturé physiquement  et psychologiquement  … au nom d’Allah.

Voilà qui nous fait dresser l’oreille : il n’est pas possible, dans la société palestinienne, de se battre pour la liberté d’expression et de culte sans subir des menaces tant de la part de la population de Cisjordanie que de l’autorité palestinienne…

Les hordes revendicatrices professionnelles – très souvent profondément étrangères à la religion, mais tout en abondance elles aussi de commandements – qui se joignent, par réflexe, à chaque appel aux manifestations pro-palestiniennes savent-elles seulement à quel excès d’orgueil et manque de conscience elles prêtent renfort ? Mais après tout, ces gens-là, il y a peu, soutenaient le kremlin bolchévique et son autre magie du Verbe : si Al-Husseini avait été assassiné dans les geôles palestiniennes, cela aurait même fait leur affaire au nom de plus de conscience. Nul ne semble pourtant remarquer l’évidence : le Verbe, le Logos, parole et raison, est devenu « le dieu » … la croyance dans le verbe est devenu une croyance dans le mot et le mot s’est transformé en slogan, en réclame publicitaire, en propagande. Avec cette croyance dans le mot le citoyen est dupé – l’autorité palestinienne qui se prétend « laïque » (1) l’a bien compris – et les maquignonnages, marchandages, compromis, mensonges atteignent, chez les palestiniens comme ailleurs, des proportions que le monde n’a jamais connues (2). 

Bien entendu, l’islam se veut pardon, miséricorde bien que, comme le souligne Al Husseini, « tout indique le contraire » ; la femme en islam est traitée avec une insoutenable bêtise hypocrite (3) et cela n’émeut pas non plus nos « humanistes »… après tout, quand on a comme objectif commun l’aliénation des esprits, cela est tout à fait logique. Mais Al-Husseini étant à la fois cultivé et intelligent, il estime avoir son mot à dire, se trouvant dans la même situation que certains chrétiens qui posent des questions à leur curé et n’obtiennent en guise de réponse qu’un rappel à suivre la loi du christ en faisant preuve de plus d’humilité… qui en sera étonné puisque les religions n’ont jamais fonctionné comme les vecteurs d’une compréhension générale entre les hommes, prétendant à l’exclusivité (comme dans les « ismes » de toute politique), ne sachant que briser les relations humaines ?

« Jésus est dans le Coran ! » s’exclame alors « le bon musulman » … « L’islam reconnaît tous les prophètes ! » Nom d’une pipe, certainement, oui… mais en même temps qu’il est tenté d’extasier les foules avec cette démonstration de grande tolérance, allez donc expliquer aux adorateurs du christ qu’il ne fut point crucifié, quand tout le christianisme s’appuie sur son sacrifice : vous serez bien reçu…

Des gens qui vous promettent le paradis, Al-Husseini a tout compris. Vous le découvrirez dès les premières pages, aussi bien qu’il a compris que les guerres de succession à la mort du prophète étaient « des guerres de pouvoir humain », que le carburant des conquêtes islamiques était « un butin d’or et d’esclaves sexuelles ».

Mais « chape de plomb » en effet, sur l’histoire de l’islam : AL-Husseini de nous apprendre – car on apprend beaucoup sur certains artifices techniques de l’islam dans ce livre – que les grands noms, les grands écrivains de l’islam, ont été « traqués assassinés, pendus ou empoisonnés au nom de l’islam ».

Comme sous nos cieux la torture ne fait plus partie de nos usages juridiques, c’est avec les camps de concentration que nous avons pu voir quels effets dévastateurs la torture physique a sur le moral de l’individu : quel besoin pour l’islam de se mêler de venir en renfort torturer tous les aspects de la vie des cisjordaniens,  mais aussi comme nous l’avons vu avec les attentats de 2015, de ceux qui ne sont pas convaincu que l’islam soit une religion divine ?

Et pourtant, la technique « provocation puis hurlements à l’islamophobie », grossière, a permis à l’islam de s’implanter en Asie. Chez nous, le voile, l’accueil médical spécial pour les femmes, la cantine scolaire, sont autant de demandes entrant dans cette culture de la provocation, pour mieux se poser ensuite en victime de discrimination.

Si Al-Husseini, quant à lui, lance un cri d’alarme, il est d’autant remarquable que la psyché de masse qui l’environne – en pleine inflation sociale et nationale – ne favorise pas à reconnaître le caractère borné d’un « isme », bien au contraire.

« C’est à l’école et à la mosquée qu’ils (les enfants) sont formatés pour devenir des criminels ! Car dans mon pays, comme dans le reste des pays musulmans et au-delà, les principaux fournisseurs de terroristes sont les mosquées. » On peut croire qu’il suffit de « dire »  à quelqu’un ce qu’il devrait faire pour que ce quelqu’un se retrouve sur « la bonne voie » …mais les choses ne marchent pas ainsi. On doit aussi savoir qu’existe la faculté d’apprendre ; comment expliquer sinon les modifications des conditions de l’existence et des adaptations qu’exige l’apport des civilisations ? Par la capacité d’apprendre. Mais c’est aussi une question d’ambiance : « En plongeant dans les œuvres de la civilisation occidentale, j’ai brisé bien des tabous. J’ai acquis des connaissances sur l’évolution de l’humanité, et grâce à internet je me suis ouvert sur le monde extérieur. » Arrive en effet un moment où le conscient n’est plus capable d’imposer à sa nature certaines conceptions devenues politiquement et socialement oppressives. Et Voici Al-Husseini devenu athée et de le faire savoir… dans une société palestinienne  se comportant comme « le simple prolongement des régimes arabes existants » où des groupes armés visant à la domination font régner la loi du plus fort, assassinant à leur guise tel ou tel sous prétexte de résistance, faisant passer qui bon leur semble pour agent d’Israël. Le palestinien de la masse n’a aucune valeur pour l’autorité palestinienne, il n’est qu’une particule et Waleed Al-Husseini s’insurge contre la perte du sens de son existence comme être humain. Tout simplement parce qu’il a une autre vision de la nature de l’homme.

Dès 2006 son blog « la voie de la raison » pose des questions pour qui s’intéresse au domaine de l’esprit et/ou l’expérience religieuse, avec un succès certain. Mais l’islam s’oppose avec violence à ces réflexions. Autant de choses que nous exprimons nous-mêmes librement et pour lesquels les visites en provenance d’Arabie saoudite ne manquent pas, dès parution.

C’est un effort apparemment surhumain de demander à un croyant de comprendre qu’un autre être humain n’est ni mauvais ni vulgaire parce qu’il ne croit pas que Mohammed ait eu une révélation divine, vu « l’arbitraire et l’illogique » – soit les incohérences –  que contient le coran… et la vie de Mohammed. Malheur au mécréant ! Le voici en péril comme s’il avait tenté d’expliquer à des primitifs que les pouvoirs guérisseurs sont dans l’âme humaine, point dans une statue fétiche qu’il convient de mettre au rebut.

Rebellion + blasphème = derrière les barreaux … « la loi du troupeau ».

Détention, torture, pour athéisme, en tout cas, par fureur : si le coran est parfait, s’il y a tout dans le coran, ceux qui savent tout, de toute évidence ne savent pas pacifier leur volonté. Waleed Al-Husseini est « possédé par un diable très puissant. » Fichtre, certainement il faut bruler un corbeau symbole du diable, pour délivrer ce possédé et nous mettre périlleusement « à niveau » devant ces « savants » de l’islam ! Et nous ne le ferons pas : la bêtise, la bêtise atroce, à ce point, mérite exposition de ces « savants » dans un muséum des traditions musulmanes avec une étiquette « Voici des musulmans du néolithique : vous pouvez leur parler ! ».

Le lecteur doit aborder lui-même ce livre. Il n’est pas besoin de grande préparation pour le lire, malgré certains matériaux de recherche qui y sont en rapport. Il faut le lire par raison et par nécessité puisqu’il est un point situé véritablement « hors de notre temps occidental » ; une telle époque ne peut être qu’une période du passé, où les problèmes qu’il posait était traité par l’inquisition, malleus maleficarum en main.

Cette recherche de Waleed Al-Husseini satisfera le lecteur averti par l’actualité de l’étendue du problème auquel il est confronté. Notre critique se doit de rester dans la zone frontière entre ce que nous avons souhaité examiner avec vous et ce que vous devez examiner seuls, entre attraction et répulsion : le contenu de « Blasphémateur ! Les prisons d’Allah » déborde en effet largement la personnalité individuelle pour passer dans la sphère sociale. Et nous avons eu cette même pratique à l’issue de notre vidéo « Critique de l’islam » laissant l’internaute en silence, seul, devant une niche à prière musulmane.

Prenez contact ! C’est une de ces connexions humaines supérieures qui font si cruellement défaut à l’ordre social d’aujourd’hui, connexions qui se retrouvent parmi quelques-uns des personnages rencontrés par Walee Al Husseini dans sa détention (inspecteur, gardien…). Ainsi, peut-être, les quelques psychés individuelles indispensables à la réorganisation d’une communauté civilisée pourront trouver des arrangements internes ; psychés individuelles que, pour le Mouvement Vers Rien, aucune association, aucune union économique, aucun parti, aucun état, aucune religion ne remplaceront jamais.

wah

(1) A propos, l’Union des Démocrates Musulmans Français vient d’être créée, se revendiquant Laïc ET Musulman…  

(2)  Vu l’immensité des moyens matériels dont peut disposer le pouvoir  depuis le 20ème siècle ils n’ont jamais été si considérables.

(3) Voir notre article : « L’islam et les femmes ou l’homme musulman imbu de lui-même »

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Appendice : Mouvement Vers Rien, athées et croyants.

Islam et christianisme – religions coupées en deux (catholique-protestants / sunnites –chiites) –  foyers religieux qui se voudraient sans rides mais traversés d’une crevasse, cherchent à nous convaincre qu’ils sont en excellent état. Chacun nous vante les qualités de son établissement pour nous mettre sur le chemin de la délivrance en nous le faisant visiter : tandis qu’un spécialiste en apologétique-fiction nous vante la beauté de sa charpente, nous nous intéressons bougrement à cette crevasse qui la fait craquer. Et nous voilà traités de mécréants, d’âmes perdues : las, libre à eux, jamais nous ne nous fierons à un architecte aveugle.  Pas plus que nous ne nous fierons à quelqu’un qui nie Dieu s’appuyant sur le fait que ces deux voies d’accès à sa compréhension sont invalides. Or, sur ces bases, croyants et athées cherchent à s’éliminer ; nous posons donc la question : de l’athée et du croyant, lequel est le plus égoïste ?

Si l’on est capable de se rendre compte que l’on ne peut, en tant qu’humains, misérables pots de terre cuite, expliquer le monde du point de vue de dieu, on doit être capable aussi de se rendre compte que l’on ne sait rien de plus sur nos origines que sur celle des faisceaux interplanétaires. Si nous ne savons rien sur un dieu, comment pourrions-nous savoir qu’il n’existe pas ? Comme nous ne savons absolument rien, nous ne savons absolument pas ce que nous devons croire. Que les gens soient poussés par des convictions à croire en dieu ne change rien au fait que la cause de ces convictions demeure inconnue… on a  coutume d’affirmer que la peur de la mort anime le croyant : autant dire que les dogmes, rites et fictions de toute l’humanité sont basés sur la peur ; alors que leur but est de la chasser : l’amour est-il une fuite devant la haine ? Mais au fait, par qui et par quoi, la peur, par qui et par quoi l’amour ? Par l’inconscient ? C’est cela même : par l’inconnu…

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